CONGRÈS DU FN: Marion Maréchal-Le Pen, une héritière en marche

C’est une «Le Pen». Mais pas seulement. A 24 ans, Marion Maréchal-Le Pen a conquis les suffrages des militants FN, surfant sur les fondamentaux du parti autant que sur son capital familial.

Sa tante Marine Le Pen croyait à sa première place au Comité central du FN: «C’est une jeune femme, députée, courageuse, compétente, et elle a une qualité supplémentaire: elle s’appelle Le Pen». «De bonne race», avait dit à sa manière le grand-père Jean-Marie Le Pen, lors de son élection comme députée du Vaucluse en 2012, à laquelle il l’avait poussée.

Cheveux longs blonds et visage fin, la plus jeune députée de France, née en décembre 1989, partage ses traits avec ceux de sa mère, Yann Le Pen, l’une des deux sœurs de Marine Le Pen. C’est Samuel Maréchal, patron du Front national de la Jeunesse dans les années 1990, qui l’a élevée.

Lancée dans le bain de la politique aux régionales de 2010, elle a pris une nouvelle dimension depuis son arrivée au Palais-Bourbon où elle joue la bonne élève, langue de bois y compris, en contraste avec son voisin agitateur autoproclamé, le député du Gard Gilbert Collard. Une «sacrée bosseuse», salue sa marraine politique, l’eurodéputée Marie-Christine Arnautu.

L’unanimité pour «Marion»

Chez les frontistes, c’est presque l’unanimité pour «Marion»: «Elle est épatante, c’est une surdouée», dit d’elle Marine Le Pen. Au «Carré», le siège du FN à Nanterre, elle se fait entendre «avec un côté cash mais sans coups tordus», résume un ténor.

Celle qui a «lavé l’affront» en étant élue à Carpentras est un atout dans le jeu de sa tante. «Marine est une chef de guerre, Marion un dédiabolisant hyper-puissant», analyse un cadre.

Dédiabolisant? Joli sourire à l’appui, la jeune fille dont l’assistant parlementaire, Arnaud Stephan, est un ancien du cercle d’extrême droite de Grèce mais aussi de la campagne «Le Pen» 2002, avance des positions parfois plus radicales, notamment sur l’immigration, que le FN.

Positionnement libéral-conservateur

Elue dans le Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen a rappelé encore jeudi ses doutes sur le remboursement intégral de l’IVG, et a pris la tête des cortèges FN lors de la «Manif pour tous». En économie, elle goûte moins à l’Etat-stratège de l’ex-chevènementiste Florian Philippot qu’à la liberté des entrepreneurs. Revenir à une monnaie nationale? «J’en suis de plus en plus convaincue», dit-elle.

C’est peut-être pour ce positionnement libéral-conservateur qu’un ténor de l’UMP pense, aveu stupéfiant, que «95% de nos électeurs pourraient voter pour elle». Mais ces «nuances», comme elle dit, ne la confinent pas systématiquement au cercle des «tradis» du FN: comme Florian Philippot, elle dit non à la peine de mort alors que sa tante et son grand-père sont pour.

Au FN, elle essaie de «mettre en avant ces sujets qui (lui) tiennent à cœur» et certains y voient un moyen de contrebalancer l’influence de l’élu de Forbach.

La députée ne devrait toutefois pas avoir de nouvelle fonction majeure dans le futur organigramme, selon plusieurs sources, elle qui était pourtant intéressée par «une vice-présidence thématique». Malgré son peu d’appétence pour les micros et les tribunes, elle dit modestement s’être «un peu aguerrie» depuis deux ans.

«Elle ne s’opposera jamais à sa tante.»

Va-t-elle pour autant, à terme, affronter sa tante, comme certains médias le pronostiquent? Marine Le Pen, qui appelle son père «Jean-Marie Le Pen» ou «Le Pen», souligne sa proximité avec «Marion» : «C’est la fille de sa mère, et sa mère, c’est ma sœur jumelle. Je la connais par cœur».

«Le rapport est plutôt celui d’une ancienne à une très jeune», décrypte un proche de la patronne du FN. Au salon du Made in France, à Paris mi-novembre, Marine Le Pen s’est vue offrir une crème anti-âge: «C’est pour moi, Marion elle n’en a pas besoin», s’est amusée la patronne du FN.

Un proche de l’élue du Vaucluse tranche: «Elle ne s’opposera jamais à sa tante. Et inversement». A ce même salon, pourtant, pendant que Florian Philippot suivait la trace de Mme Le Pen, «Marion» a fait la visite de son côté.

(afp/Newsnet)