
Dans la plupart des écoles de la région, les élèves ne disposent pas de pièces d’état-civil. Après la campagne statistique 2014, la région de Tambacounda a enregistré 75.196 élèves scolarisés sans extrait de naissance. Suffisant pour que Mouhamadou Samb Diaw, planificateur de l’Inspection de l’Education et de la Formation(IEF), signale que le département de Tambacounda, à lui seul, a enregistré 29.464 enfants sans extrait. Il complète le tableau en ajoutant que 1.229.654 élèves ne possèdent pas cette pièce précieuse au Sénégal, soient 64,75% des effectifs globaux. Pour les examens 2013/2014, plus de 200 potaches n’avaient pas pu passer leur examen de fin d’année, faute du même document. C’est la raison pour laquelle, l’académie a décidé, en collaboration avec l’UNICEF, d’organiser une rencontre de partage autour de la problématique de l’état-civil, pour ensemble examiner les causes majeures et chercher les solutions idoines, afin que le phénomène puisse connaitre un terme dans la région de Tambacounda. Le constat fait dans les différentes écoles de la région dans le domaine de l’état-civil est loin d’être reluisant. Partout, la situation y est la même, note l’inspecteur d’académie. Selon Alassane Niane, beaucoup d’élèves ne disposent pas d’extrait de naissance et les responsabilités, à l’en croire, sont partagées. Au premier chef, il pointe un doigt accusateur sur les parents d’élèves qui dit-il, ne déclarent pas leurs enfants à la naissance. « Les enfants sont victimes de la négligence de leurs parents mais aussi de ceux-là qui doivent sensibiliser les parents à aller inscrire leurs enfants à l’état-civil ». C’est pourquoi, soutient-il, « il urge de procéder à une véritable sensibilisation de ces derniers afin qu’ils puissent inscrire leurs enfants ». Pendant l’année scolaire 2013/2014, continue l’IA, « plus de 200 potaches n’ont pas passé leurs examens de fin d’année (entrée en 6ième, CFEE et BFEM), faute de disposer d’extrait de naissance », regrette très amèrement monsieur Niane. Et c’est la raison pour laquelle, sa structure (l’I.A) a sollicité l’appui de l’Unicef pour pouvoir organiser cette rencontre autour de la question. Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs qui tournent autour du sujet sont invités (la justice, la mairie, les parents d’élèves, la maison de la justice, entre autres), à examiner les causes majeures. Il s’agira selon l’IA, de voir tous les goulots d’étranglement, mais aussi de voir les bonnes stratégies à adopter et la sensibilisation à mener, à telle enseigne que les parents acceptent de déclarer les enfants à l’état-civil. C’est cela seulement qui permettra aux enfants, non seulement de disposer de pièces d’état-civil, mais aussi de pouvoir faire librement leurs examens. D’ailleurs, la situation de cette année n’augure pas de bonnes choses car, sur plus de 23.000 enfants inscrits au Cours d’Initiation(C.I), plus de la moitié n’a pas présenté d’extrait de naissance à l’entrée. Ce qui fait dire à l’IA que la situation n’est pas reluisante mais qu’il y a de l’espoir. Amadou Demba Thiam, chef du bureau de l’état-civil à la`mairie de Tambacounda, présent à la rencontre, a d’emblée affirmé que même si les responsabilités sont partagées, les parents en ont la plus grosse part. Pour preuve, il dit avoir fait l’année dernière l’ensemble des écoles pour avoir la situation des élèves et les aider à disposer de la pièce. Cependant, après constat fait, et après avoir saisi le président du tribunal pour une audience foraine spéciale, les parents n’ont pas daigné se déplacer pour aller chercher les minutes au niveau du greffe, se désole-t-il. C’est pourquoi, à son avis, il faut renforcer la sensibilisation afin de mieux conscientiser les parents.
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Abdoulaye FALL et Ansoumana SADIO/www.Tambacounda.Info/