ELECTION PRÉSIDENTIELLE: La gauche uruguayenne favorite à la successeur de Mujica

Les électeurs uruguayens choisissaient ce dimanche 30 novembre un successeur à leur atypique président José Mujica, au deuxième tour de l’élection présidentielle, dont le candidat de gauche Tabaré Vasquez, ancien président de 74 ans, est le grand favori. Celui-ci s’oppose à Luis Lacalle Pou, un jeune député de 41 ans.

Les quelque 7000 bureaux de vote, ouverts à 8 heures locales (11 heures en Suisse), devaient fermer à 19h30 (22h30 en Suisse), avec la possibilité d’une heure supplémentaire en cas d’affluence. Les résultats sont attendus lundi matin.

Dans ce pays de 3,3 millions d’habitants où le vote est obligatoire sous peine d’amende, 2,6 millions d’électeurs sont appelés aux urnes. Ce deuxième tour intervient cinq semaines après le premier qui était associé à un scrutin législatif.

Déjà assurée de garder sa majorité parlementaire, la coalition de gauche du Frente Amplio (FA) s’achemine vers un troisième mandat consécutif, après ceux de Tabaré Vazquez (2005-2010) puis de José Mujica, dit «Pepe». Celui-ci est devenu célèbre dans le monde entier pour son franc-parler et son mode de vie humble.

47,8% des suffrages

Tabaré Vazquez a été parmi les premiers à voter dimanche peu après 08h00 dans le quartier populaire de La Teja, dans l’ouest de Montevideo. «Je ne veux pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué», a-t-il déclaré aux journalistes.

Au premier tour le 26 octobre, ce cancérologue de 74 ans, qui n’a jamais cessé d’exercer quand il dirigeait le pays, a recueilli 47,8% des suffrages, loin devant son opposant de centre-droit, le jeune député de 41 ans Luis Lacalle Pou (30,9%).

Ce dernier devrait bénéficier du report des voix de Pedro Bordaberry, l’autre candidat de droite. Toutefois celui-ci n’a obtenu qu’un modeste score (12,9%).

Image jeune et dynamique

Les derniers sondages accordent à Tabaré Vazquez 52 à 55% des intentions de vote contre 37 à 41% pour Luis Lacalle Pou, candidat du Parti national.

Fils d’un ancien président, Luis Lacalle Pou, qui a joué sur son image jeune et dynamique, devait voter à la mi-journée à Canelones (centre-sud). «C’est difficile mais pas impossible», a-t-il assuré pendant la campagne.

Les analystes sont pourtant catégoriques. «Les résultats d’octobre ont laissé (aux partis d’opposition) très peu de possibilités, elles sont presque inexistantes», a assuré à l’AFP Rafael Piñeiro, docteur en Sciences politiques et professeur à l’Université catholique d’Uruguay.

Succéder à «Pepe»

Si Tabaré Vazquez est élu, il aura la lourde tâche de succéder, avec un style plus classique, au truculent «Pepe» Mujica. Des lois très progressistes pour l’Amérique latine comme la légalisation de l’avortement, du mariage homosexuel et du cannabis ont été adoptées sous le mandat du président sortant.

Tabaré Vasquez s’est engagé à porter «une attention particulière» à l’éducation, aux infrastructures et la sécurité, trois thèmes-clés de la campagne, dans ce pays parmi les plus riches et sûrs d’Amérique latine.

Rigueur économique

Mais il lui faudra appliquer une certaine rigueur en matière économique, alors que la croissance moyenne de la région devrait selon le Fonds monétaire international (FMI) ralentir à 1,3% en 2014, son taux le plus faible depuis 2009.

Le départ de José Mujica intervient dans un contexte de bonne santé économique de l’Uruguay. Après la crise financière de 2002, le pays a été un des rares dans la région à échapper à la récession en 2009. Les près de 10 ans de gouvernement du FA «ont été une décennie gagnante, avec une croissance annuelle de 5% en moyenne», soulignait récemment Tabaré Vazquez.

(ats/Newsnet)