FRANCE: Avec Sarkozy président de l’UMP, la gauche retrouve son meilleur ennemi

Le meilleur adversaire de la gauche a repris les manettes de l’UMP. Samedi soir, Nicolas Sarkozy a été élu président de l’UMP avec 64,5% des suffrages exprimés. La surprise est venue du résultat de ses deux contradicteurs, quasi inconnus de la base du parti il y a quelques mois. Les scores de Bruno le Maire surtout (avec 29,2%) et Hervé Mariton (avec 6,3%) démontrent que même au sein de l’UMP, Nicolas Sarkozy n’a pas une légitimité à toute épreuve. En 2004, il avait été élu avec 85% des suffrages.

«Ce qui change maintenant est que l’UMP a un président pour porter la voix de l’opposition», analyse Roland Cayrol. Mais le directeur du Centre d’études et d’analyses (Cetan) mentionne également le contrôle sur l’appareil du parti et sur ses finances que Nicolas Sarkozy va pouvoir exercer. Cela aura son importance alors que la justice enquête sur les fausses factures de Bygmalion au détriment de l’UMP, mais en faveur du candidat à la présidentielle 2012 Nicolas Sarkozy. Il n’est pas inquiété dans cette affaire. «Mais le climat de méfiance, les envies de revanche, les jalousies sont présents plus que jamais. A l’UMP, on se regarde toujours en chien de faïence», assure Roland Cayrol.

«C’est un nouveau départ. Le temps est maintenant à l’action!» C’est en résumé la première réaction de Nicolas Sarkozy, sur Facebook dès samedi soir et hier soir sur TF1. Pourtant, pour celui qui entend carrément refonder un parti qui engloberait le centre (l’UDI a déjà refusé cette idée), la marche vers la présidentielle 2017 s’annonce compliquée. «Tout d’abord, son leadership n’apparaît plus comme une évidence», estime Jean Garrigues, politologue et professeur d’histoire contemporaine.

«La compétition qui vient d’avoir lieu a montré qu’il n’était pas le rassembleur qu’il prétend être. D’autres à l’UMP, et notamment Alain Juppé, incarnent davantage cette position», estime Jean Garrigues. Tout est à faire donc pour Nicolas Sarkozy sous haute surveillance. «Avec moins de 65%, il n’arrive pas en si bonne position pour la bataille interne», glisse Jean-Daniel Levy, patron de l’institut de sondage Harris Interactive. On doit encore ajouter les noms de François Fillon, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand à la liste des candidats UMP à la primaire!

La bataille s’annonce d’autant plus féroce que l’hypothèse d’une Marine le Pen au deuxième tour de la présidentielle 2017 est considérée comme très probable. Pour le coup, avec une gauche disqualifiée, le candidat UMP pense pouvoir compter sur le report des voix du front républicain anti-FN. Dans l’esprit de beaucoup, le vainqueur de la primaire UMP sera le prochain président de la République.

La gauche heureuse!

«La gauche ne peut que se féliciter de cette élection. Nicolas Sarkozy fait l’unanimité contre lui à gauche et va regrouper la gauche en crise derrière François Hollande», insiste pourtant Jean-Daniel Levy. Le politologue n’hésite pas à parler de la «meilleure chose qui soit arrivée au PS depuis longtemps». Tous partagent cette opinion mais, prévient Jean Garrigues, «Nicolas Sarkozy est un adversaire de talent et à la combativité politique rare». La gauche, cela dit, ne va pas se gêner de l’attaquer sur son bilan de président de la République et les travers de sa personnalité «clivante». «Il a tout de même un gros handicap, c’est qu’il ne peut jouer la carte de la nouveauté. Et lors de la campagne présente, il a surtout expliqué ce qu’il comptait défaire dans les lois de la majorité actuelle», met en perspective Jean-Daniel Levy.

(24 heures)