
Après environ trois mois de frappes aériennes menées par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont cédé peu de terrain au sein du «califat» qu’ils ont proclamé dans le nord de la Syrie et de l’Irak.
Dans ce dernier pays, le vent semble toutefois avoir un peu tourné, l’EI étant plutôt sur la défensive que sur l’offensive.
L’écho que trouve l’EI dépend des régions
S’ils ont perdu des villes situées en lisière des territoires sous leur contrôle en Irak, notamment dans les régions où cohabitent plusieurs communautés et où leur fondamentalisme sunnite rencontre peu d’échos, ils ont consolidé leurs positions dans les régions les plus acquises aux sunnites.
En août, l’offensive de l’EI contre les territoires du Kurdistan autonome irakien a fini par être repoussée. Deux mois plus tard, les djihadistes ont été chassés de la ville de Djourf al-Sakhar, au sud de Bagdad. Ils ont également été évincés de deux villes proches de la frontière iranienne en novembre.
«Couper des routes, attaquer une patrouille»
Les ennemis de l’EI l’assurent, la reconquête de certaines villes montre que le vent a tourné en Irak et que le groupe islamiste sunnite est désormais sur la défensive.
«Le mieux qu’ils peuvent faire, c’est couper une route ou attaquer une patrouille, mais leur progression territoriale a été complètement stoppée», estime Hadi al Amiri, chef de l’organisation Badr, une milice chiite qui combat aux côtés des peshmergas kurdes.
Pour l’expert irakien Hicham al-Hachémi, la situation en Irak est celle d’une impasse, les forces gouvernementales regagnant un peu de terrain à certains endroits, mais l’EI renforçant sa mainmise sur les régions au cœur de son «califat».
Moins de pressions en Syrie
Si en Irak, il existe clairement des zones où l’EI se retrouve sur la défensive, en Syrie, le groupe djihadiste subit moins de pressions militaires, car les Etats-Unis ont peu d’alliés sur le terrain pour conforter les gains obtenus grâce aux frappes aériennes.
Pour certains militants syriens, de même que pour certains analystes occidentaux, les opérations aériennes n’ont pas réussi à affaiblir l’EI en Syrie. Anthony Cordesman, du Centre des études stratégiques et internationales, parle de «non stratégie» américaine en Syrie.
«Pagaille stratégique»
Le résultat, c’est une «pagaille stratégique» qui permet à l’armée de Bachar al-Assad de renforcer ses propres raids aériens contre d’autres organisations insurgées, dont certaines favorables à Washington, tout en laissant à la coalition internationale le soin de s’occuper des positions de l’EI.
Pour les partisans de l’EI, les frappes aériennes de la coalition ont aidé le groupe djihadiste à trouver des soutiens parmi la population et elles ont rallié à lui davantage de combattants.
Plusieurs attentats meurtriers
Jeudi, sur le terrain, deux attentats à la voiture piégée dans le quartier populaire de Sadr City, dans l’est de Bagdad, ont fait 15 morts, selon des médecins et la police. Au total, 51 personnes ont été blessées.
Auparavant, une bombe avait tué deux personnes près de la zone verte, le quartier du centre de Bagdad abritant la majeure partie des ministères, selon des services de sécurité et de médecins. A Kirkouk, un attentat à la voiture piégée a fait 15 morts, selon un responsable de la santé.
En Syrie, au moins 19 soldats et supplétifs de l’armée du régime ont été tués dans une attaque à la voiture piégée perpétrée par l’EI dans l’enclave gouvernementale de la ville de Deir Ezzor, dans l’est, selon une ONG. L’attentat a visé dans la nuit de mercredi à jeudi une position gouvernementale près de l’aéroport militaire de la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Des combats ont ensuite permis aux djihadistes de s’emparer de quelques positions gouvernementales, de deux tanks, d’un véhicule blindé, de pièces d’artillerie et d’armes automatiques, selon cette ONG. Ils ont perdu sept combattants.
(ats/Newsnet)