FRANCE: Manuel Valls fait du Hollande dans le texte

 

 

«Je ne suis pas un déserteur.» Lors d’un long entretien sur France 2, le premier ministre Manuel Valls n’a pas voulu entendre la «petite musique» qui voudrait qu’il quitte Matignon bientôt. «Je suis là jusqu’à la fin du quinquennat, tant que j’ai la confiance du président et le soutien de la majorité pour réformer», affirmait-il en début de soirée. Il fallait taire les ambitions. Pour l’instant.

Des préludes fâcheux
Le chef du gouvernement avait quarante minutes ce soir pour convaincre après six mois à Matignon. En prélude, le jour même, le Français Jean Tirole, Prix Nobel d’économie, avait conseillé à la France de suivre l’exemple de l’Allemagne et de la Suède. Manuel Valls avait la lourde charge de montrer que son gouvernement réforme et réformera encore. Tandis que dans la presse dominicale allemande, la chancelière Angela Merkel estimait les «réformes entreprises insuffisantes» en France, le premier ministre de la République française devait la démentir en douceur. Pari réussi? Pas vraiment. Pas d’annonces. Des réponses convenues à une interview vite oubliée. Pas de quoi redonner vraiment confiance.

Le coût du travail baisse
«Des réformes sont entreprises mais leur effet n’est pas immédiat», expliquait-il. Des mesures ont déjà été prises en faveur de l’entreprise, qui permettront de «baisser le coût du travail de 10%». Car, lui, «aime les entreprises, comme les Français. Ce sera ensuite aux entreprises d’embaucher.» Quant à remettre en cause les 35 heures, pas question d’ouvrir «un faux débat». Valls fait-il du Valls? Pas vraiment. Le propos était très policé ce soir. Il est loin le Valls qui souhaitait débaptiser le Parti socialiste ou aménager les 35 heures. Il fait du Hollande. Et c’est évidemment au président que reviendra la tâche de fixer le cap des réformes de la deuxième partie du quinquennat. Mais quand?

Non au repli sur soi
«Ce quinquennat est sans doute le plus important pour la France. Elle devra faire le choix de l’espoir, de l’ouverture sur le monde, de la confiance en nos atouts. Tous les jours, il y a des réussites. Plutôt que de se replier sur soi, dans une France triste et rance que décrit Eric Zemmour.»

«Notre société manque de capacité d’indignation», s’exclamait encore Manuel Valls, saluant la foule qui s’est rassemblée dans les valeurs de la République après le crime antisémite de Créteil. Au passage, il rappelait que lorsqu’il a interdit un spectacle de Dieudonné, il n’avait «pas été soutenu par grand monde, à part le président de la République».

Interrogé sur le retour de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP, le chef de la majorité socialiste considérait que «la revanche n’est pas un sentiment suffisant pour préparer l’avenir». Il était plus tendre avec Alain Juppé, «un homme d’Etat avec qui il n’est pas impossible de se retrouver sur la défense du pays ou la politique étrangère», avant d’ajouter que le pays a «besoin d’alternative».

«Le pays est tellement divisé, constatait encore le premier ministre, qu’il est urgent de le rassembler.» Nicolas Sarkozy, qui a pourtant souvent opposé les Français entre eux, chante en ce moment la même chanson.

(24 heures)