CONFÉRENCE DU HCR: Le HCR veut équilibrer, un peu, l’accueil des Syriens

 

 

Camps surpeuplés, fragilité des financements de l’aide alimentaire, la situation humanitaire des réfugiés syriens recueillis dans les pays limitrophes du conflit devient de plus en plus alarmante. Le minuscule Liban, à la superficie moins grande que celle de la Suisse romande, accueille à lui seul près de 1,2 million de Syriens, ce qui a fait augmenter sa population de 26%. La Turquie et la Jordanie y vont aussi d’un effort colossal, mais de plus en plus difficile à assumer.

Qu’ont fait jusqu’ici les autres pays pour l’accueil de ces victimes de la guerre? Pas assez, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui œuvre pour la réinstallation et autres formes d’admission des Syriens les plus vulnérables dans de meilleures conditions. Il organisait hier une conférence ministérielle pour faire avancer ce dossier difficile. A Genève, un effort a ainsi été consenti par les pays riches: l’engagement a été pris d’offrir ces prochains mois 38’000 places supplémentaires, s’ajoutant aux 62’000 admissions déjà existantes.

UE: un déséquilibre dans le déséquilibre

Présent à Genève, le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramopoulos a rappelé que 34 000 places avaient été offertes dans l’Union européenne depuis 2013, tout en admettant que l’UE «pouvait et devait faire plus». A y regarder de près, l’Allemagne pèse à elle seule très lourd dans cet effort, avec 30’000 places accordées, loin devant la Suède (1200). Tous les autres pays de l’UE n’ont accepté que quelques centaines, parfois même dizaines de Syriens. La Suisse s’est engagée à ce jour pour un plan d’accueil de 500 personnes sur trois ans, auquel s’ajoutent 8200 demandes d’admissions temporaires, qui ont pu être déposées entre septembre et novembre 2013, avant que les portes ne se referment. Ailleurs dans le monde, les Etats-Unis, l’Australie et le Brésil se montrent les plus accueillants.

Les nouveaux engagements pris ont été salués hier par le HCR, mais un chiffre reste parlant sur le déséquilibre de l’accueil: le nombre de Syriens arrivés au Liban depuis le début de la guerre est 715 fois supérieur au nombre total de Syriens qui sont parvenus à demander l’asile dans l’Union européenne au cours de ces trois dernières années ou à y bénéficier des places d’accueil offertes dans le cadre du programme de réinstallation du HCR. «Si un tout petit pays avec une économie faible et une dette colossale comme le Liban peut supporter une augmentation d’un quart de sa population, les autres peuvent certainement faire plus pour aider», dit Sherif Elsayed-Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des migrants d’Amnesty International.

En fin de la semaine dernière, une trentaine d’ONG, relevant que 95% des réfugiés syriens vivent dans les pays limitrophes du conflit, exigeaient qu’au moins 5% d’entre eux soient réinstallés avant la fin de l’année 2015 dans d’autres pays, et un autre 5% d’ici 2016. Elles dénoncent aussi la passivité des pays du Golfe, si proches de cette guerre, qui ne reçoivent personne, tout comme la Russie, acteur pourtant clé du conflit à l’échelle diplomatique.

Situation explosive

Trouver des terres d’asile dans des pays éloignés géographiquement et culturellement n’est pas toujours idéal dans la gestion humanitaire, mais reste-t-il un autre choix pour les Syriens? D’une part, les fonds d’aide qui encouragent l’assistance locale peinent eux-mêmes à suivre du côté de la communauté internationale. La semaine dernière, le Programme alimentaire mondial avait été contraint d’annoncer la suspension de son aide en bons d’alimentation pour 1,7 million de réfugiés afin d’obtenir en urgence des rallonges financières.

Les pays limitrophes ne vont plus supporter longtemps la pression, selon les ONG. Ces derniers mois, suffoquant sous le poids des arrivées, Liban, Turquie et Jordanie ont imposé des restrictions d’entrée sur leur territoire. Les populations civiles syriennes ne peuvent même plus fuir les bombes. Une situation intolérable.

(24 heures)