IRAK: Les Kurdes paient très cher leur guerre contre Daech

 

 

Le tribut est lourd, très lourd. En six mois de combats contre les djihadistes du groupe Etat islamique (Daech en arabe), les combattants de la région autonome du Kurdistan irakien – les fameux peshmergas – ont perdu plusieurs centaines des leurs.

Selon un communiqué très détaillé publié hier, 727 peshmergas ont péri et 3564 ont été blessés depuis le 10 juin, début de l’offensive-éclair des troupes de Daech en Irak. Ces chiffres n’incluent pas les éventuelles pertes infligées aux renforts kurdes venus de Syrie, de Turquie ou d’Iran, ni celles des peshmergas irakiens envoyés au secours de la ville syrienne de Kobané, toute proche de la frontière turque.

Débandade

Rappelons qu’après la débandade des troupes irakiennes face aux islamistes, en juin, les Kurdes avaient dans un premier temps pris le contrôle de vastes pans du territoire irakien, augmentant la taille de leur région de quelque 40%.

Mais, mal armés, et confrontés à des problèmes logistiques insolubles, ils ont été contraints de se retirer d’une partie de ces territoires quand Daech – qui a fait de Mossoul son bastion en Irak – a lancé une deuxième offensive en août. Cette dernière a conduit les djihadistes aux portes d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, région où se sont réfugiées près d’un million de personnes, dont de nombreux chrétiens et membres de la minorité Yézidie.

C’est pour éviter la prise d’Erbil par Daech que Barack Obama a lancé in extremis des frappes aériennes pour appuyer les peshmergas au sol. Depuis, bénéficiant du soutien aérien de la coalition mise sur pied par les Etats-Unis, et profitant de la livraison d’armes modernes et d’un entraînement exprès, les Kurdes ont participé à la reconquête de plusieurs secteurs, comme le barrage de Mossoul, et sont désormais «en train de passer d’une phase défensive à une phase offensive», a encore souligné hier le gouvernement du Kurdistan.

Irakiens à la peine

Si, en dépit de lourdes pertes, les Kurdes semblent pouvoir «souffler» un peu, les forces fédérales irakiennes ne semblent pas avoir cette chance, plus au sud. Après avoir longtemps piétiné, elles ont certes enregistré quelques succès ces derniers mois, mais n’ont pas réussi à reprendre un avantage clair sur l’EI. C’est pourquoi, lors de la visite à Bagdad, mardi, du secrétaire américain à la Défense sortant Chuck Hagel, le premier ministre irakien Haidar al-Abadi a demandé une aide accrue à Washington et ses alliés, notamment en armes lourdes et antichars.

Enfin, selon une très longue analyse du «Monde» daté du 8 décembre, le seul point commun qui unit la coalition internationale en lutte contre Daech tient en une expression: pas d’intervention au sol. Pour le reste, alors que Washington veut se concentrer sur l’Irak qu’il connaît bien, d’autres alliés, dont la France, estiment qu’«aucune victoire ne peut être remportée contre Daech sans traiter le front syrien». Visiblement, la guerre sera longue.

(24 heures)