
Le nom de la Pologne est passé sous silence dans la version publique, très expurgé, du rapport des sénateurs concernant les débordements de la CIA. Mais les noms des détenus cités et les dates de leur transfert ne laissent pas de doute: ces données coïncident avec un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) sur le sujet, selon le rapport de la commission du Renseignement du Sénat américain.
Le rapport du Sénat note que «l’accord sur la création d’un centre de détention de la CIA en XXX (ndlr, le nom du pays a été noirci) a créé de multiples difficultés qui persistent entre ce pays et la CIA».
Plusieurs millions de dollars
Il fait également mention de l’intervention au nom de la CIA de l’ambassadeur américain auprès des dirigeants politiques de ce pays. «Le mois suivant, la CIA a versé XXX millions de dollars», peut-on lire dans le rapport, où le montant précis est également noirci.
Après le versement de la somme, «le pays XXX était bien plus souple concernant le nombre de détenus de la CIA dans le site et la date de sa fermeture», poursuivent les sénateurs.
Gagner le soutien des Etats-Unis
L’ex-président polonais Aleksander Kwasniewski, au pouvoir entre 1995 et 2005, a reconnu pour la première fois mercredi l’existence d’une prison secrète de la CIA implantée sur le sol polonais. Mais, a-t-il ajouté, ses interlocuteurs américains lui avaient assuré que les détenus qui y seraient regroupés avaient accepté de coopérer. Lui-même ignorait tout de ce qui se passait à l’intérieur de ce site, opérationnel en 2002 et 2003.
M. Kwasniewski n’a en revanche pas confirmé le versement d’une somme d’argent et a ajouté que si la CIA avait versé de l’argent, cela n’avait rien à voir avec le site de Stare Kiejkuty (nord-est). L’ancien président a expliqué que si Varsovie avait accepté de coopérer ainsi avec Washington, c’était pour s’assurer le soutien américain en cas de menace contre la Pologne.
Pour Adam Bodmar, vice-président de la Fondation Helsinki pour les droits de l’homme de Varsovie, les dirigeants polonais d’alors «ont trahi la constitution pour de l’argent».
(afp/Newsnet)