Au moins 130 morts dans l’attaque d’une école au Pakistan

 

 

Trois explosions ont été entendues ce mardi 16 décembre dans l’école de Peshawar attaquée par les taliban pakistanais, où le bilan s’élève désormais à au moins 130 morts, dont plus d’une centaine d’enfants. L’attaque a aussi fait plus de 120 blessés, dont 25 sont grièvement touchés, ont déclaré la police et un responsable du gouvernement provincial.

La majorité des enfants ont été tués d’une balle dans la tête, a précisé le ministre provincial de l’Information, Mushtaq Ghani. Tous les assaillants, au nombre de 6, sont morts, ont annoncé à l’AFP deux responsables de la police locale. «Le 6e terroriste tué dans le dernier bloc», a déclaré le général Asim Bajwa sur son compte Twitter. «Les engins explosifs improvisés (EEI) placés par les terroristes ont ralenti la vitesse des opérations de nettoyage», a-t-il dit, ajoutant qu’elles «se termin(ai)ent».

Les talibans disent avoir envoyé dans cette école pour enfants de militaires et gérée par l’armée des combattants équipés de vestes d’explosifs pour se venger du gouvernement d’Islamabad qui «s’en prend à nos familles et à nos femmes» dans la région tribale du Nord-Waziristan, où l’armée a lancé une offensive en juin.

Cette attaque est l’une des plus sanglantes et des plus fortes symboliquement perpétrées par le TTP, proche d’Al-Qaïda. «Nous l’avons menée après une enquête qui a indiqué que les enfants de plusieurs hauts responsables de l’armée étudient dans cette école», a ajouté le porte-parole.

Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a parlé de «tragédie nationale». Il a décidé de se rendre sur place.

En pleine session d’examens

L’opération a débuté vers 10h30 locales lorsque des talibans déguisés en militaires ont pris d’assaut l’école, située dans les faubourgs de la ville et à la lisière des zones tribales, selon des sources concordantes.

Les assaillants, «bardés d’explosifs», avaient «l’ordre de tirer sur tous les étudiants adultes mais d’épargner les enfants, même si ce sont ceux du (chef de l’armée le) général Raheel Sharif ou (du Premier ministre) Nawaz Sharif», a déclaré le porte-parole du TTP.

Un journaliste de Reuters a entendu de violents échanges de tirs provenant de l’établissement encerclé par l’armée et a vu des ambulances transporter des enfants blessés.

Un professeur de l’école a raconté que l’attaque s’était déroulée en pleine session d’examens et que l’armée était intervenue environ une demi-heure après les premiers tirs. «Les soldats inspectent maintenant les classes l’une après l’autre», a-t-il dit.

Cibles «molles»

L’armée mène depuis plusieurs mois une offensive d’ampleur contre le TTP et ses alliés dans plusieurs zones tribales, dont son principal refuge du Waziristan du Nord, situé le long de la frontière afghane.

«Cette attaque est une opération à la fois tactique et militaire. les rebelles savent qu’ils ne peuvent frapper l’armée chez elle car ils n’en ont pas la capacité et qu’elle est bien préparée», a déclaré le général à la retraite Talat Masood, spécialiste des questions de sécurité.

«Ils visent donc des cibles molles en espérant que cela aura un fort impact, notamment psychologique, sur la population. Les talibans espèrent qu’en visant les enfants, ils feront baisser le soutien aux opérations militaires contre eux», a-t-il ajouté.

(ats/afp/Newsnet)