FRANCE: Les médecins s’opposent à l’étatisation de la santé

 

 

Semaine «santé» en France. Depuis aujourd’hui, les médecins généralistes font grève. Ils sont rejoints, dès demain, par les spécialistes qui s’imposent aussi une trêve des confiseurs (jusqu’au 31 décembre). Les urgentistes ont, eux, protesté lundi et mardi en arborant un badge (pour sensibiliser à leur temps de travail)! Et l’examen de la loi de santé publique prévu au printemps 2015 met déjà tous les acteurs de la branche vent debout contre le gouvernement. En cause: l’introduction du tiers-payant dès 2017.

Le tiers-payant? Ce mode de remboursement des prestations médicales, pratiqué par 25 Etats européens, provoque une crispation sans précédent. Pourtant, les syndicats de médecins de gauche le réclamaient. Car le paiement des consultations par la caisse maladie, qui facture ensuite la part aux assurés, lève l’obstacle aux soins. En effet, avancer 40 à 50 euros est problématique pour 40% de la population, selon ces mêmes syndicats.

Alors pourquoi cette opposition? Car le tiers-payant est un outil sans faille pour traquer les surfacturations des actes médicaux alors que les dépenses de santé explosent: 12,5 milliards d’euros de déficit en 2013 (15 milliards de francs suisses). Soit la moitié du fameux «trou de la Sécu». Selon les quatre syndicats, représentants des quelque 200000 médecins, le tiers-payant n’est pertinent que dans les établissements publics tels que les hôpitaux.

Vers des déserts médicaux

Les médecins tiennent comme à la prunelle de leurs yeux à leur statut de profession libérale et dénoncent une étatisation rampante. Car ils deviendraient les «salariés des caisses maladie», témoigne un généraliste dans le Monde. La surcharge administrative que l’introduction du tiers-payant engendrerait est aussi un grief. D’un côté, la France compte plus de 400 mutuelles différentes. De l’autre, plus du tiers des médecins généralistes pratiquant en France ne disposent d’aucune aide administrative.

Aussi les syndicats plaident pour des mesures en faveur de l’attractivité de la médecine généraliste, à l’heure où la pénurie crée de véritables déserts médicaux. En conséquence, les généralistes réclament aussi la revalorisation du tarif de la consultation de 23 à 25 euros.

Les médecins mettent ainsi la ministre de la Santé Marisol Touraine en grande difficulté. Pourtant son texte de loi, discuté en avril prochain au parlement, n’est pas sans qualités, reconnaissent la plupart. Mais la ministre a mis le focus sur les dépassements d’honoraires des professionnels de la santé. Crime de lèse-médecin, disent certains. Problème marginal, affirment d’autres.

Le brassard de la colère

Les urgentistes exigeaient surtout, eux, une baisse du temps de travail (de 60 à 48 heures hebdomadaires). Il s’agissait de prendre en compte la durée et la pénibilité de leur activité, notamment lors des gardes la nuit. L’accord en discussion depuis des semaines avec la ministre de la Santé était sur le point d’être signé. Il l’a été mardi. C’est un «accord historique» sur leur temps de travail qui a été salué.

(Newsnet)