Le pape dénonce la «persécution brutale» de l’Etat islamique

 

Le pape François a dénoncé ce jeudi 25 décembre la «persécution brutale» que les combattants de l’Etat islamique mènent contre les minorités. Pour ce Noël où «il y a tant de larmes», il a appelé à ne pas se montrer indifférent face aux souffrances dans le monde.

Par un temps couvert et doux, la place Saint-Pierre était noire de monde et la foule, estimée à 100’000 personnes, débordait aux alentours. Paraissant ému et indigné, François y a envoyé son message «urbi et orbi» («à la ville et au monde»), à 1,2 milliard de catholiques, sur fond de guerres et de fondamentalisme religieux.

Il a plaidé pour une fin des conflits qui touchent plusieurs pays africains et a appelé à une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Il a aussi condamné l’attaque des talibans qui ont tué 130 écoliers la semaine passée au Pakistan et a remercié ceux qui luttaient contre l’épidémie de fièvre Ebola.

Etat islamique

S’exprimant sur un ton sévère, le pape a réservé ses paroles les plus dures pour les djihadistes de l’Etat islamique responsables de la mort et de l’exil de musulmans chiites, de chrétiens et d’autres communautés en Syrie et en Irak.

«Je lui demande, au Sauveur du monde, de veiller sur nos frères et nos sœurs en Irak et en Syrie, eux qui depuis si longtemps déjà subissent les effets d’un conflit qui se poursuit, et eux qui ensemble avec ceux qui appartiennent à d’autres groupes ethniques et religieux, souffrent d’une persécution brutale».

Enfants

Il y a trop d’enfants «victimes d’abus et exploités sous nos propres yeux et avec notre silence complice», a-t-il dénoncé. Visiblement ému, il a évoqué «les enfants massacrés sous les bombardements, y compris là où est né le Fils de Dieu» (en Terre Sainte), et leur «silence impuissant qui crie sous l’épée».

«Que Jésus sauve les trop nombreux enfants victimes de violence, objets de trafics et de la traite des personnes, ou contraints de devenir soldats», a-t-il demandé. «Qu’il apporte le réconfort aux familles des enfants tués au Pakistan la semaine dernière», a-t-il relevé en particulier, faisant allusion aux 149 personnes dont 133 écoliers tués à Peshawar par un commando taliban.

Condamnation de l’avortement

Dénonçant «l’indifférence», François a aussi déploré les enfants «tués avant de voir la lumière». Il s’agit là d’une condamnation explicite de l’avortement.

François a par ailleurs exhorté les Ukrainiens à «surmonter les tensions, vaincre la haine et entreprendre un nouveau chemin de fraternité et de réconciliation». Mais il a surtout mis l’accent sur les violences des groupes djihadistes en Irak et en Syrie.

Persécution brutale

«A Dieu, Sauveur du monde, je demande qu’il regarde nos frères et sœurs d’Irak et de Syrie qui, depuis trop de temps, souffrent des effets du conflit en cours et, avec ceux qui appartiennent à d’autres groupes ethniques et religieux, subissent une persécution brutale», a-t-il relevé, dans ce message retransmis par des télévisions du monde entier.

Il a évoqué «les nombreuses personnes dispersées, déplacées et réfugiées, enfants, adultes et personnes âgées, de la région et du monde entier». Il a demandé qu’ils «puissent recevoir les aides humanitaires nécessaires pour survivre à la rigueur de l’hiver et revenir dans leurs pays».

Le pape a appelé plus largement à la «paix dans tout le Moyen-Orient». Il a demandé un large «soutien aux efforts de ceux qui s’engagent efficacement pour le dialogue entre Israéliens et Palestiniens».

L’Amérique latine pas évoquée

L’Afrique a été évoquée, mais pas l’Amérique latine. Il a exhorté à «la paix au Nigeria, où à nouveau du sang est versé et trop de personnes sont injustement soustraites à l’affection de leurs proches et tenues en otage ou massacrées». Il a aussi invité au dialogue et à la pacification en Libye, au Sud Soudan, en Centrafrique et en République Démocratique du Congo.

Il a exprimé sa solidarité aux victimes africaines de l’épidémie Ebola, renouvelant «une invitation pressante à assurer l’assistance et les thérapies nécessaires».

Tant de larmes

«Vraiment, il y a tant de larmes en ce Noël», a-t-il conclu. Avant de demander que le «pouvoir divin» touche «la dureté des cœurs de tant d’hommes et de femmes immergés dans la mondanité et dans l’indifférence».

(ats/Newsnet)