Kiev et les séparatistes commencent l’échange de prisonniers

 

Le processus de paix sur l’avenir des régions séparatistes de l’est de l’Ukraine semble à nouveau dans l’impasse, malgré le début d’un échange de prisonniers. Alors que la Russie durcit le ton face à l’OTAN, une rencontre entre rebelles et représentants de Kiev a été annulée vendredi après une réunion «difficile» mercredi à Minsk.

Les pourparlers de paix dans l’impasse

La discussion de ce vendredi 26 décembre était prévue entre le Groupe de contact, constitué de représentants de Kiev, de Moscou et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et les séparatistes des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Elle «n’aura pas lieu», a souligné dans la matinée le porte-parole de la diplomatie bélarusse Dmitri Mirontchik.

Interrogé sur la date de la prochaine rencontre, il a dit qu’elle «dépendait des membres du groupe de contact», le Bélarus étant «toujours prêt à fournir un terrain de négociations».

Seul signe tangible d’un léger dégel, Kiev et les séparatistes prorusses ont commencé vendredi l’échange de prisonniers. Celui-ci a débuté par groupes de dix près de la ville de Kostiantynivka, à 45 km au nord de Donetsk, et doit concerner 222 rebelles et 150 Ukrainiens. Les prisonniers, en tenue civile et tenant des sacs, étaient en rang les uns en face des autres à cent mètres de distance.

Les prisonniers présentés par les rebelles étaient détenus dans la région de Donetsk, a déclaré la représentante séparatiste Daria Morozova. Selon elle, l’échange des prisonniers de la république séparatiste voisine de Lougansk devrait avoir lieu ce samedi.

Plus de 4700 tués

Mais les insurgés réclament surtout la reprise du financement des zones sous leur contrôle, coupé par Kiev à la mi-novembre, et un «statut spécial» donnant plus d’autonomie aux régions de Donetsk et de Lougansk.

Ce statut était prévu par les accords signés à Minsk en septembre. Mais selon Kiev et les Occidentaux, les rebelles ont sapé ces accords en organisant début novembre des élections dénoncées par la communauté internationale. Les autorités ukrainiennes demandent l’annulation de ces élections.

Les discussions de Minsk visent à mettre un terme à un conflit qui a déjà fait plus de 4700 tués en huit mois.

Accusation lancée par les séparatistes

Les émissaires séparatistes avaient qualifié la rencontre de mercredi de «difficile». Ils avaient aussitôt émis des doutes sur la poursuite des discussions vendredi.

Signe de la nervosité ambiante, Kiev et les rebelles se sont mutuellement accusés de vouloir saper le processus de paix. Le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a estimé jeudi que Kiev cherchait à «faire échouer les négociations de paix» et préparait une «offensive majeure» sur la zone sous contrôle séparatiste.

L’agence de presse Interfax-Ukraine a rapporté le même jour que les rebelles cherchaient de leur côté à revoir les accords de paix précédemment conclus à Minsk.

Les républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk ont été représentées mercredi «par des gens incompétents qui ne prennent pas de décisions et ne sont pas au courant des accords conclus précédemment», a lancé une source proche des négociations citée par l’agence.

L’émissaire de la république autoproclamée de Donetsk Denis Pouchiline «va revenir vendredi à Donetsk», a annoncé à l’AFP sa conseillère. L’émissaire de la république séparatiste voisine de Lougansk Vladislav Deïnego a lui accusé la partie ukrainienne «de ne pas répondre» aux initiatives avancées par les séparatistes mercredi.

OTAN visée par Poutine

Entre la Russie et l’OTAN, le ton se durcit également après plusieurs jours de critiques russes.

Trois jours après l’abandon par l’Ukraine de sa neutralité pour favoriser un rapprochement avec l’organisation, le président russe Vladimir Poutine a signé une nouvelle doctrine militaire, a annoncé vendredi le Kremlin dans un communiqué. Elle identifie l’Alliance atlantique comme l’un des principaux risques extérieurs de la Russie.

(ats/afp/Reuters/Newsnet)