PROCHE-ORIENT: Une résolution palestinienne échoue à l’ONU

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté un projet de résolution palestinien. Huit pays seulement, dont la France, la Chine et la Russie, l’ont soutenu.

Les États-Unis, de même que l’Australie, se sont opposés au texte et cinq Etats, dont la Grande-Bretagne, se sont abstenus. Même s’il avait recueilli les neuf voix nécessaires à son adoption, le vote américain aurait bloqué la procédure en vertu du droit de veto dont bénéficie Washington au Conseil de sécurité.

Le projet de résolution, soutenu par la totalité des délégations arabes aux Nations unies, réclamait la conclusion d’un accord de paix avec Israël d’ici un an et un retrait des territoires occupés d’ici fin 2017 sur les lignes d’avant la guerre des six jours, en 1967.

Les Palestiniens avaient apporté lundi des modifications à leur projet, en demandant qu’il soit soumis au Conseil de sécurité dès cette semaine. Les amendements prévoyaient Jérusalem-Est, occupée et annexée, comme capitale d’un État palestinien, le règlement de la question des prisonniers palestiniens, l’arrêt de la colonisation israélienne et rappelaient le caractère illégal du mur de séparation.

Pas un compromis

«Cette résolution encourage les divisions et non un compromis», a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power. «Ce texte n’évoque les inquiétudes que d’une seule partie», a-t-elle ajouté.

Avant elle, lundi et mardi, le département d’État américain avait estimé que le calendrier fixé par le texte «posait des délais arbitraires». «Cela n’aiderait pas les négociations», avait-il affirmé. Les États-Unis ont aussi «des inquiétudes sur les besoins légitimes d’Israël en matière de sécurité», avait-il ajouté.

L’ambassadrice de Jordanie, Dina Kawar, seule représentante d’un pays arabe au Conseil de sécurité, a regretté l’échec du vote. «Nous espérions que le Conseil de sécurité adopterait aujourd’hui ce projet arabe de résolution parce qu’il a la responsabilité juridique comme morale de régler le conflit israélo-palestinien», a-t-elle dit.

L’échec était attendu, Washington ayant clairement exprimé son refus de cette initiative avant les élections législatives israéliennes de mars prochain. Les États-Unis n’auront donc pas eu besoin d’exercer leur droit de veto, que leur statut de membres permanents du conseil leur confère et dont ils se sont souvent servis pour bloquer des résolutions défavorables à Israël.

Une telle mesure risquait de provoquer la colère des pays arabes alliés des États-Unis dans la coalition qui combat les djihadistes de l’État islamique en Syrie et en Irak.

Proposition «grotesque»

En optant pour un vote rapide, la diplomatie palestinienne a surpris son monde. Elle souhaitait, semble-t-il, clarifier les choses.

«Le résultat du vote d’aujourd’hui montre que le Conseil de sécurité dans son ensemble n’est clairement pas prêt ni disposé à assumer ses responsabilités d’une manière qui nous permettrait d’ouvrir la porte à la paix», a dit le représentant l’autorité palestinienne à l’ONU. La direction palestinienne doit «désormais envisager les prochaines étapes», a-t-il poursuivi sans plus d’explications.

Dans une très brève déclaration, le délégué israélien Israël Nitzan a disqualifié pour sa part «la proposition unilatérale grotesque». Il a prévenu les Palestiniens qu’il ne leur servait à rien de «s’agiter et de provoquer» pour se diriger vers un État.

Cette nouvelle initiative palestinienne intervient alors que la communauté internationale s’inquiète de plus en plus de la montée de la violence et de l’incapacité à relancer les tractations, depuis l’échec en avril des pourparlers de paix soutenus par le secrétaire d’État américain John Kerry.

(ats/Newsnet)