DROITS DE L’HOMME 2014: Le bourreau de guerre et les trois miraculés de l’injustice et de la censure

 

Des têtes coupées par le groupe Etat islamique (Daech), des jeunes filles enlevées et violées par Boko Haram, des civils bombardés en Syrie, à Gaza ou en Ukraine, des homosexuels condamnés en Afrique et stigmatisés en Russie, des médias censurés ou fermés en Chine ou à Moscou, des prisonniers sans perspective de procès à Guantánamo, des personnes contraintes à fuir leur maison par la guerre: le bilan de l’année 2014 est sombre.

Mais Amnesty International Suisse a voulu aussi souligner, en ce début d’année, les victoires sur l’injustice, les combats gagnés contre la mort, le gain de nouveaux droits, le triomphe de la liberté. Revue des bonnes nouvelles auxquelles Amnesty a contribué.

Une Soudanaise sauvée

L’affaire la plus emblématique de l’année fut celle d’une chrétienne soudanaise enceinte, condamnée à mort pour avoir refusé d’abjurer sa religion. Cette femme médecin de 27 ans avait suscité une vague d’indignation sur la planète. Amnesty International avait collecté alors plus d’un million de signatures pour que Meriam Ibrahim ne soit pas condamnée. Elle attendait l’annonce de son exécution en cellule avec son nouveau-né. L’appel international pour la sauver a porté ses fruits. En juillet, elle a pu quitter le Soudan pour les Etats-Unis. Dans ses bras, Maya, sa petite-fille de deux mois, née en prison.

Son innocence démontrée

L’autre histoire qui marquera cette année est encore plus terrible. C’est celle d’un Japonais, victime d’une erreur judiciaire. Son innocence a été démontrée grâce à des tests ADN, alors qu’il a passé 45 ans de sa vie dans le couloir de la mort. Iwao Hakamada était un poids plume prometteur sur le ring. Jusqu’à ce qu’une accusation de meurtres et de vol l’envoie en prison. A 78 ans, il a été libéré après qu’un tribunal eut décidé de reprendre l’affaire de zéro en mars et ne démontre que des preuves avaient été falsifiées pour accuser Iwao Hakamada.

Un caricaturiste libéré

C’est en Tunisie qu’Amnesty a trouvé son troisième miraculé de l’année. Il s’appelle Jabeur Mesri. Ce jeune homme avait posté sur sa page Facebook une caricature du prophète Mahomet, représenté nu. Sacrilège. Un tribunal le condamnait à 7 ans de prison pour ce blasphème. L’ONG lançait alors une de ses campagnes de lettres adressées aux autorités pour demander la libération de ce jeune Tunisien. Des milliers de militants d’Amnesty ont écrit. Cette pression de l’opinion a finalement été efficace et le 5 mars dernier, jour anniversaire de sa deuxième année d’incarcération, Jameur était libéré.

Un criminel condamné

L’année 2014 a aussi vu un crime ancien enfin jugé. Il y a onze ans, un groupe armé investissait le village de Bogoro, dans l’est de la République démocratique du Congo. Il fit 200 victimes, dont des enfants, tués à la machette. Un des responsables de ce massacre a été condamné en mai dernier par la Cour pénale internationale de La Haye, sur la foi de 350 témoignages, dont certains recueillis par Amnesty. Le leader de ce groupe d’assassins, Romain Katanga, 36 ans, a été condamné à 12 ans d’emprisonnement, à l’issue d’un procès qui aura duré quatre ans et demi.

(24 heures)