
Les quelque 360 migrants débarqués samedi 3 janvier à Corigliano, dans le sud de l’Italie, d’un cargo abandonné par son équipage sont venus s’ajouter aux près de 1600 hommes, femmes et enfants, principalement Syriens, arrivés depuis le 20 décembre dans deux autres navires.
Le conflit en Syrie, qui a débuté en mars 2011 par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales avant de dégénérer en guerre civile, a déplacé près de la moitié des habitants du pays, contraints de fuir leurs foyers.
Quelque 3,2 millions de personnes se sont réfugiées dans les pays voisins, comme la Turquie, le Liban et la Jordanie, et le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays atteint désormais 7,6 millions.
Lourd fardeau pour les voisins
Selon le haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), l’exode massif des Syriens est «la crise humanitaire la plus dramatique, à laquelle le monde est confronté depuis très longtemps».
Officiellement, la Turquie dit accueillir 1,7 million de réfugiés, dont la majorité vit dans des conditions précaires dans la plupart des grandes villes du pays (décembre 2014). Ankara affirme avoir dépensé plus de 4 milliards de dollars pour leur prise en charge.
Plus de 1,1 million de Syriens sont présents au Liban, un lourd fardeau pour ce pays de 4 millions d’habitants. Beyrouth a fermé sa frontière aux réfugiés, sauf pour «des raisons humanitaires, et décidé d’imposer pour la première fois des visas aux Syriens.
La Jordanie accueille elle 618’000 Syriens, qui représentent 20% de la population, selon les autorités de ce pays. Il y a par ailleurs 225’000 Syriens en Irak et 137’000 en Egypte.
Les réfugiés font face à la pauvreté, à des problèmes de santé et des tensions croissantes avec les communautés locales où ils vivent dans des structures provisoires et des conditions extrêmement difficiles.
L’Europe à la traîne
Selon le HCR, 28 pays ont déclaré au début décembre lors d’une réunion à Genève qu’ils étaient prêts à accueillir plus de 100’000 réfugiés syriens, actuellement pris en charge par les pays voisins de la Syrie.
Jusqu’à présent, en Europe et dans le reste du monde, le nombre de réfugiés accueillis était resté dérisoire malgré les appels du HCR. Ainsi, selon des chiffres du HCR publiés fin octobre, dans l’ensemble de l’Union européenne, 144’632 Syriens ont demandé l’asile depuis 2011, et un peu moins l’ont obtenu. En Europe, deux pays se distinguent par leurs efforts: l’Allemagne et la Suède.
L’Allemagne tente de jouer un rôle moteur au sein de la communauté internationale: quelque 70’000 Syriens sont arrivés ces dernières années, selon des chiffres du ministère allemand des Affaires étrangères (novembre 2014).
En Suède, les Syriens constituent le premier groupe de demandeurs d’asile (38% du total).
Depuis ses débuts, le conflit syrien a évolué en une guerre complexe dans laquelle s’affrontent des rebelles, des groupes de djihadistes et l’armée. Il a déjà fait plus de 200’000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG proche des rebelles.
(ats/Newsnet)