
Retour sur la terrible attaque qui a décimé mercredi 6 janvier le journal Charlie Hebdo.
Vers 11h20, deux hommes vêtus de noir, encagoulés et armés chacun d’une Kalachnikov se présentent au numéro 6 de la rue Nicolas-Appert, dans le XIe arrondissement, où se trouvent les archives de l’hebdomadaire satiriqueCharlie Hebdo, leur cible. Ils hurlent: «C’est ici, Charlie Hebdo ?». Voyant qu’ils sont à la mauvaise adresse, ils se dirigent alors au numéro 10 de la rue, où se trouve le siège du journal.
Une fois dans l’immeuble, ils font feu sur le chargé de l’accueil et se rendent au deuxième étage, où se trouve la rédaction de Charlie Hebdo.
«Les deux hommes ouvrent alors le feu et achèvent froidement les personnes rassemblées pour la conférence de rédaction ainsi que le policier chargé de la protection du dessinateur Charb, qui n’a pas le temps de riposter», déclare une source policière. Charb, directeur de la rédaction, était protégé depuis la publication de caricatures de Mahomet en 2011.
Une rédaction décimée
La rédaction de Charlie Hebdo a été décimée. Quatre de ses caricaturistes vedettes, Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, très connus en France, sont morts, ainsi que l’économiste Bernard Maris, également chroniqueur sur la radio France Inter.
Une seule personne, qui a réussi à se cacher sous une table, en réchappe. Les deux hommes crient «Nous avons vengé le prophète» et «Allah u Akbar», selon cette source.
Vers 11h30, un appel d’urgence à la police fait état de tirs au siège de Charlie Hebdo. Des policiers sont dépêchés immédiatement sur les lieux.
Les deux agresseurs prennent la fuite en criant de nouveau «Allah u Akbar» et se retrouvent face à une patrouille de la Brigade anti-criminalité. Un échange nourri de coups de feu s’ensuit.
Ils parviennent à prendre la fuite à bord d’une voiture Citroën C3 noire et font alors face à un véhicule de police. Ils tirent une dizaine de coups de feu sur le pare-brise de cette voiture sans blesser les policiers qui se trouvent à l’intérieur.
Policier exécuté
Des policiers font feu sur les assaillants, qui ripostent. Boulevard Richard-Lenoir, un policier en uniforme d’une quarantaine d’années est touché et se trouve à terre, selon une vidéo diffusée sur internet.
Les deux hommes sortent alors de leur voiture et s’approchent à petites foulées du policier à terre. L’un des assaillants lui crie «Tu voulais me tuer!». Le policier lève la main «Non, c’est bon, chef», mais il est tué d’une balle en pleine tête, selon une vidéo diffusée sur internet et authentifiée par les enquêteurs.
Les deux assaillants repartent vers leur voiture sans s’arrêter. «On a vengé le prophète Mahomet! On a tué Charlie Hebdo!», crient-ils avant de démarrer, selon une autre vidéo.
Un peu plus loin, les deux hommes percutent une automobiliste, qui est légèrement blessée. Ils abandonnent leur voiture près du parc des Buttes-Chaumont, dans le nord-est de Paris.
Douze morts et huit blessés
Les deux assaillants braquent ensuite un automobiliste et s’enfuient vers le nord de la capitale à bord de sa voiture. Les forces de l’ordre perdent alors leur trace.
Pendant leur attaque et leur fuite, ils ont tué 12 personnes –dont au moins cinq membres de la rédaction de Charlie Hebdo– et fait huit blessés.
Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, indique que «trois criminels», impliqués dans l’attaque, sont recherchés activement, sans préciser le rôle du troisième. Tout est mis en œuvre pour «neutraliser le plus rapidement possible les trois criminels», déclare le ministre.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, un des trois suspects, Hamyd Mourad, 18 ans, se rend à la police à Charleville-Mézières, dans le nord-est de la France, «après avoir vu que son nom circulait sur les réseaux sociaux», indique une source proche du dossier.
La police française publie les photos des deux autres suspects, deux frères, Chérif et Said Kouachi, 32 et 34 ans, qu’elle recherche activement, et lance un appel à témoins. Ces personnes sont «susceptibles d’être armées et dangereuses», prévient la police.
(afp/Newsnet)