
Charlie Hebdo n’est pas mort. Charlie Hebdo sortira mercredi prochain. C’est le message que Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, relaye sur tous les médias. Il y a dans cette détermination un hommage aux morts que l’homme appuie avec conviction. «C’est la manière des survivants de rendre hommage à ceux qui ne sont plus. C’est la manière de dire qu’ils ne nous ont pas tués, qu’on est encore debout, qu’on vit encore, qu’ils n’ont pas réussi et qu’on est là. Ce sera un numéro qui sera fait uniquement par la petite équipe de survivants», explique Richard Malka sur les ondes de France Info.
Plusieurs grands groupes de presse comme Canal+, Le Monde, France Télévisions et Radio France ont mis leurs infrastructures techniques et humaines à disposition deCharlie Hebdo pour assurer sa survie. Libération accueille dès aujourd’hui en ses locaux les survivants de la rédaction de l’hebdomadaire satirique pour préparer le prochain numéro.
Ce symbolique et exceptionnel numéro 1178 de Charlie Hebdo sera tiré à un million d’exemplaires. Ces derniers mois, les kiosques en écoulaient péniblement 60 000. Il comptera 8 pages, la moitié des 16 habituelles. Au-delà de ce numéro très spécial, la survie de Charlie Hebdo se pose, car l’hebdomadaire avait lancé une souscription au mois de novembre.
Selon Les Echos, les éditeurs de presse français vont verser 250 000 euros en puisant dans leur fonds «Presse et pluralisme» et Google s’associerait aussi à l’opération de sauvetage financier en apportant également 250 000 euros. Et jeudi soir encore, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, anonçait «débloquer en urgence» environ un million d’euros afin «d’assurer la pérennité de Charlie Hebdo».Des grandes figures de la presse comme l’ex-rédacteur en chef et directeur de Libération Serge July en appellent d’ailleurs à une vague d’abonnements pour soutenir la liberté de la presse et particulièrement «ce monument de l’irrévérence française».
Et quels dessinateurs pour continuer cette aventure? Les actuels piliers du magazine qui ont échappé au massacre parce qu’absents de la rédaction mercredi ou épargnés par les tueurs, comme Willem, Luz, Riad Sattouf, Catherine Meurisse et Coco, entre autres, devraient donc reprendre leur crayon. Le journal compte également de nombreux collaborateurs occasionnels. Par ailleurs, l’équipe de Siné Mensuel, née d’une dissidence de Charlie Hebdo en 2008, s’est mise à disposition des survivants de de l’hebdomadaire.
Jeudi, le chroniqueur Patrick Pelloux, urgentiste au civil et arrivé sur les lieux du drame peu après les faits, affirmait, très ému, que «le journal va continuer, ils n’ont pas gagné!»
(24 heures)