Terrorisme: Al-Souri, théoricien du nouveau djihadisme

 

Son nom ne vous dit rien? Abou Moussab al-Souri est pourtant le maître à penser d’un nouveau genre de djihad, mené par des individus isolés ou de petites cellules indépendantes. Impossible de ne pas penser à l’attaque contre Charlie Hebdo, mais aussi aux assassinats commis par Mohammed Merah en 2012 à Toulouse et Montauban, au marathon de Boston ensanglanté en 2013 par les frères Tsarnaev ou au Musée juif de Bruxelles meurtri en mai dernier par Mehdi Nemmouche. Sans oublier la fusillade il y a trois mois au Parlement d’Ottawa.

Théoricien atypique d’Al-Qaida, Al-Souri («Le Syrien») fustige la stratégie de Ben Laden. Car les attentats du 11-Septembre ont débouché sur la perte du sanctuaire afghan, qui servait de base arrière aux djihadistes du monde entier. Fin 2004, il jette un pavé de 1600 pages dans la mare d’Internet: son Appel à la résistance islamique mondiale. Ce manuel du parfait djihadiste décrit les actions terroristes à mener sans lien avec un quelconque centre de commandement. Al-Qaida devient ainsi une méthode plutôt qu’une organisation.

De son vrai nom Moustapha Sittmariam Nassar, le Syrien né en 1958 dans la petite bourgeoisie d’Alep n’avait déjà pas digéré le massacre des Frères musulmans perpétré en 1982 à Hama par le régime Assad. Et s’il déplore la chute des talibans en Afghanistan, il regrette aussi l’intervention américaine en Irak qui a porté des chiites au pouvoir. Il n’est d’ailleurs pas plus enthousiaste après la proclamation du califat par le groupe «Etat islamique» (Daech), car c’est à ses yeux une cible trop facile pour l’Occident.

Al-Souri, qui est marié avec une Espagnole et a vécu en France et en Angleterre, prône un djihad sans hiérarchie créant le chaos en Occident, où il monte la population majoritaire contre les minorités musulmanes qu’il souhaite radicaliser. Curieusement, il avait été capturé en 2005 au Pakistan, puis remis aux Etats-Unis, qui l’ont livré en 2007 à la Syrie, alors en grâce. Mais le régime Assad l’a libéré fin 2011… pour inculquer le virus islamiste à la révolution syrienne.

(24 heures)