
Les familles des prisonniers de l’ETA appellent à manifester ce samedi dans les rues de Bilbao, au Pays basque. Elles demandent à ce que soient respectés les droits des personnes incarcérées et que le gouvernement leur applique sans restriction les aménagements de peines prévus par la loi. Elles réclament en particulier que les prisonniers soient transférés vers des centres pénitenciers au Pays basque et des alentours, à proximité de leurs familles.
Alors que l’ETA a annoncé l’arrêt définitif de ses activités armées depuis déjà trois ans, 463 personnes se trouvent en effet toujours en prison. Condamnées dans des affaires de terrorisme ou bien toujours en attente de procès, elles se trouvent actuellement incarcérées dans des dizaines de prisons, entre l’Espagne et la France, loin, très loin, du Pays basque.
«Cette politique de dispersion affecte les familles, des personnes souvent âgées, qui n’ont été condamnées pour aucun délit, mais qui souffrent et sont soumises à des trajets longs et chers pendant les week-ends de visite», proteste Teresa Toda, l’une des initiatrices du mouvement citoyen Sare qui se mobilise pour défendre les droits des détenus et de leurs familles et réclame leur rapprochement du Pays basque. Durant des années, cette politique de dispersion spéciale, réservée aux prisonniers de l’ETA, a été l’un des symboles de la fermeté du gouvernement espagnol face au terrorisme: il ne céderait pas face à la violence et, pour éviter que les détenus puissent se mutiner derrière les barreaux ou que l’ETA puisse faire pression sur le personnel pénitencier, les condamnés pour terrorisme étaient dispersés et placés dans les centres situés loin du Pays basque, à l’autre pointe du pays, que ce soit en Andalousie ou en Galice par exemple.
«Mais cette politique a-t-elle encore un sens aujourd’hui?» interroge l’ancien député nationaliste basque Joseba Azkarraga, qui souligne que, «pour la société basque, l’ETA n’est plus perçue comme une menace, et les initiatives de réconciliation sont nombreuses, entre anciens membres de l’ETA et ceux qui ont été leurs victimes». L’immobilisme de Madrid rend pourtant la fin de l’ETA étrangement compliquée. En effet, le gouvernement de Mariano Rajoy rejette l’idée d’ouvrir tout type de dialogue avec les anciens terroristes. En dépit des conseils des experts en résolution de conflits, il refuse de s’engager dans un processus de fin du terrorisme avec l’organisation clandestine, qui a pourtant annoncé il y a des mois son intention de livrer son arsenal. «La seule chose que doit faire l’ETA, c’est annoncer sa dissolution», se borne à répéter le ministre de l’Intérieur Jorge Fernandez Diaz.
Devant le refus de Madrid, c’est finalement le gouvernement régional basque qui a décidé en décembre dernier de prendre l’initiative de piloter le processus. Il propose de piloter un comité de désarmement constitué d’observateurs neutres qui recevront les informations sur la localisation des arsenaux de l’ETA afin de les détruire. Reste à savoir maintenant si l’ancienne bande armée est prête à passer à l’acte et à rendre les armes avant d’annoncer sa dissolution.
(24 heures)