Haïti: Cinq ans après, le séisme politique

 

Le 12 janvier 2015, cinq ans jour pour jour après la catastrophe naturelle, Haïti tremblera à nouveau. Un «goudougoudou politique» secoue le pays, disent les locaux, utilisant l’onomatopée évoquant le tremblement de terre de 2010. Faute d’élections, le parlement est aujourd’hui caduc. La Constitution prévoit en effet le renouvellement d’un tiers des sénateurs tous les deux ans, le deuxième dimanche de janvier.

L’administration de Michel Martelly, au pouvoir depuis mai 2011, n’a jamais organisé d’élections législatives; pas plus d’ailleurs que le remplacement de la Chambre des députés et celui des maires. Avec 10 sénateurs pour 30 sièges, le parlement ne peut plus fonctionner.

Depuis la mi-novembre, les manifestations s’intensifient à Port-au-Prince pour demander la démission du président. Michel Martelly a tenté de se concerter avec les différents acteurs de la société haïtienne pour trouver une solution à cette crise dite «préélectorale». Une commission consultative a exigé et obtenu une série de démissions dont celle du premier ministre Laurent Lamothe. Son départ, début décembre, avec l’entier de son gouvernement n’a pourtant pas calmé le jeu. Samedi, près de 1500 manifestants ont encore une fois foulé le bitume. Fin décembre, un accord «tripartite» pour la tenue d’élections a été trouvé; puis rejeté par six sénateurs de l’opposition.

Un marathon politique a donc débuté. Durant tout le week-end, Michel Martelly a discuté avec l’opposition. Le président propose de prolonger le mandat des sénateurs et des élus de la Chambre des députés de quelques mois. En contrepartie, il demande le vote d’amendements à la loi électorale; une liste de conditions sur la tenue de futures élections.

Fanmi Lavalas, le parti politique de l’ancien président – et encore très populaire – Jean-Bertrand Aristide, profite de l’occasion pour revenir sur le devant de la scène. Ses membres exigent que l’un des leurs soit nommé au poste de premier ministre. Un autre important parti, le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique, a quant à lui refusé de participer aux négociations.

A l’heure où nous écrivons ces lignes aucun compromis n’a encore été trouvé. Dès demain, Michel Martelly pourrait donc diriger par décret; un scénario largement redouté.

(24 heures)