«Je ne suis pas Charlie», clament-ils

 

Dans le concert d’unanimité de «Je suis Charlie» en France, quelques voix, peu nombreuses, clament «Je ne suis pas Charlie». Alors que le pays est en deuil, ils se désolidarisent de la communauté nationale. Le vieux chef de l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen a déclaré «désolé, je ne suis pas Charlie». En ajoutant «je suis Charles Martel», le personnage historique préféré des mouvements anti-immigrés en France.

Il n’est pas le seul. Sur les ondes de la RTS, Tariq Ramadan a condamné l’attentat, mais ne se retrouve pas non plus dans la formule «Je suis Charlie», critiquant la stigmatisation «à géométrie variable» de l’hebdomadaire. Dans quelques collèges et lycées, le logo «Je ne suis pas Charlie» a aussi fait son apparition sur des vestes et sacs. Le ministère de l’Education nationale a signalé environ 70 établissements sur 64 000, où des perturbations ont eu lieu, en lien avec l’attentat. Avec par exemple, des élèves qui refusent de respecter la minute de silence, parce que d’autres morts en Syrie ou en Palestine n’ont pas eu le même hommage.

Dans le métro parisien, des tags «Vive Dieudo» sont apparus, ce week-end. Son parti, le parti antisioniste n’hésitait pas à faire de l’attentat contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique un complot sioniste. Sur la Toile, certains osaient même afficher «Je suis Kouachi» ou «Je suis Coulibaly», le nom des terroristes de Charlie et du magasin casher de la porte de Vincennes.

Dans le New York Times, le titre «I’m not Charlie» de l’éditorial de David Brooks affirmait que «les journalistes de Charlie Hebdo n’auraient pas duré 30 secondes sur un campus américain». Il rappelle que des professeurs et des étudiants ont été sanctionnés pour avoir offensé des groupes comme la NRA (National rifle association), des religieux ou des défenseurs du mariage homosexuel. Et demande aux Américains de ne pas se montrer «hypocrites», estimant qu’il est inexact de prétendre être «Je suis Charlie». «La plupart d’entre nous ne s’engagent pas dans ce type d’humour délibérément insultant».

(24 heures)