Nigeria: Boko Haram utilise une fillette bardée d’explosifs

 

La secte islamiste Boko Haram continue à faire régner la terreur au Nigeria. Samedi, une fillette de 10 ans bardée d’explosifs s’est fait exploser au milieu d’un marché bondé à Maiduguri, la grande ville du nord-est du Nigéria. Au moins 20 personnes ont été tuées, 18 ont été blessées.

Bombe fixée à son corps

Selon Ashiru Mustapha, membre d’un groupe local d’autodéfense, le dispositif a été déclenché alors que l’enfant faisait l’objet d’une fouille à l’entrée du marché. Il doute qu’il s’agisse d’un acte délibéré de la fillette elle-même: «Elle avait une dizaine d’années et je doute fort qu’elle savait véritablement ce qui était fixé à son corps.»

La charge a explosé alors que la fillette était contrôlée à l’entrée du marché. Le détecteur de métaux venait de signaler qu’elle portait quelque chose sur elle. L’explosion a été déclenchée avant qu’elle n’ait pu être isolée. «Le souffle a coupé le corps de la kamikaze en deux, projetant une partie de l’autre côté de la rue», a témoigné Abubakar Bakura, qui a assisté à la scène. «Je suis quasiment sûr que la bombe a été déclenchée à distance», a-t-il poursuivi.

Recrutement d’enfants

Samedi et dimanche, d’autres explosions ont secoué Potiskum, la capitale économique de l’Etat de Yobe, faisant de nouvelles victimes dont au moins un policier. Ces attentats interviennent une semaine après un raid meurtrier des islamistes sur le village de pêcheurs de Baga, dans l’Etat de Borno (nord), sans doute l’attaque la plus sanglante depuis six ans.

La première «attaque suicide» menée par une femme remonte à juin 2014 dans l’Etat de Gombe (nord). En juillet dernier, une fillette de 10 ans avait été découverte dans l’Etat de Katsina portant un gilet bourré d’explosifs, laissant penser que Boko Haram forçait les enfants à se faire exploser. Le recrutement forcé des jeunes et des enfants par Boko Haram est une pratique aujourd’hui avérée.

Fin 2014, le marché de Maiduguri avait déjà essuyé deux attaques meurtrières commises par des femmes portant des explosifs. Fin novembre, on avait recensé 45 morts, puis 10 le 1er décembre. Washington a exhorté «le Nigeria et ses voisins à prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre à la menace de Boko Haram» et encouragé Abuja à organiser comme prévu «des élections pacifiques et crédibles reflétant la volonté du peuple nigérian». Des élections générales sont prévues à partir du 14 février.

Le Département d’Etat a «condamné la récente escalade des attaques contre des civils». Boko Haram «ne montre aucun respect pour la vie humaine» et les Etats-Unis «abhorrent de telles violences, qui font payer un lourd tribut aux habitants du Nigeria et à toute la région, dont le Cameroun», a précisé la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki.

(24 heures)