100’000 personnes appellent à la tolérance en Allemagne

 

Les opposants au mouvement Pegida en Allemagne sont descendus en nombre dans la rue lundi 12 janvier au soir: ils étaient environ 100’000 dans tout le pays. Pendant ce temps à Dresde, la 12e marche anti-islam réunissait 25’000 partisans, un record.

Les organisateurs avaient décidé pour ce 12e rassemblement depuis octobre de défiler en hommage aux victimes des attentats en France, tandis que quelque 8700 contre-manifestants ont appelé à la tolérance dans cette ville d’ex-RDA, selon un décompte de l’agence dpa.

Pegida se renforce parallèlement à Dresde

Pegida («Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident») mobilise chaque lundi contre la religion musulmane et les demandeurs d’asile. Avec un succès croissant: de 500 personnes pour le premier défilé le 20 octobre, il est passé à 10’000 début décembre et à 18’000 lundi dernier.

Lundi soir, leur nombre atteignait 25’000 à Dresde, en ex-RDA. Né en Allemagne, le mouvement essaime désormais dans d’autres pays européens. A Oslo, en Norvège, près de 200 personnes ont défilé contre l’islam à l’appel de Pegida.

L’objectif était «d’attirer l’attention sur le fait qu’on a de gros défis, de gros problèmes liés à l’immigration musulmane en Norvège sous influence de l’islam», a déclaré Max Hermansen, un professeur de lycée à l’origine de la marche, l’une des toutes premières hors d’Allemagne.

Minute de silence

Mais les opposants à Pegida et partisans d’une plus grande tolérance et ouverture font aussi entendre leur voix. Quelques jours après les attentats djihadistes de Paris (17 morts), ils étaient environ 30’000 à Leipzig (est), 20’000 à Munich (sud), 17’000 à Hanovre (nord) et 4000 à Berlin – soit quelque 100’000 en tout.

Dans la capitale de la Saxe, beaucoup arboraient des pancartes en lien avec les attentats parisiens: «Vous ne pouvez pas tuer notre liberté» ou «Liberté de penser au lieu de la terreur salafiste».

Les organisateurs ont appelé à rendre hommage aux «victimes du terrorisme de Paris», invitant leurs sympathisants à porter un brassard noir. Une minute de silence a été observée.

Un signal fort

La chancelière allemande Angela Merkel et plusieurs de ses ministres ont décidé de monter en première ligne contre le mouvement anti-islam Pegida. Ils ont annoncé leur participation à une manifestation de musulmans mardi à Berlin.

Angela Merkel sera présente au côté du président Joachim Gauck à une commémoration silencieuse des organisations musulmanes allemandes mardi soir à la Porte de Brandebourg. Elle entend ainsi «envoyer un signal très fort (…) pour la cohabitation paisible des différentes religions en Allemagne», a-t-elle dit.

Joachim Gauck doit prononcer «un bref discours et je serai aussi présente en tant que chancelière, avec de nombreux membres du gouvernement», a déclaré Mme Merkel.

Le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel et les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice ou encore de la Famille sont aussi annoncés pour cette marche organisée par le Conseil central des Musulmans (ZMD) et l’Association de la communauté turque de Berlin (TGB), «pour une Allemagne ouverte et tolérante» et «pour la liberté religieuse et d’opinion».

Succès croissant

Malgré cela, les «patriotes européens» ont fait quelques émules en Allemagne, comme à Bonn ou à Berlin. Lundi soir, Leipzig devait connaître sa première manifestation pro-Pegida.

Le mouvement essaime également en Europe: à Vienne, un premier défilé Pegida est prévu fin janvier. Les pages Facebook ont été créées en Suède et Norvège, où une première manifestation devait avoir lieu lundi à Oslo. En Suisse aussi, un mouvement Pegida a été créé vendredi à Zurich.

«L’islam appartient à l’Allemagne»

Après les attaques qui ont fait 17 morts en France, Angela Merkel a participé dimanche à la marche géante de Paris contre le terrorisme. «L’islam appartient à l’Allemagne», a-t-elle encore martelé lundi.

(ats/Newsnet)