Une femme à poigne à la tête de la Croatie

 

Coiffant sur le fil son rival social-démocrate, le sortant Ivo Josipovic, Kolinda Grabar Kitarovic, candidate de l’opposition conservatrice, est devenue dimanche, avec 50,7% des voix, la première présidente de la Croatie élue au suffrage universel.

Son élection doit beaucoup au rejet de la politique du gouvernement du premier ministre social-démocrate, Zoran Milanovic, incapable de sortir le pays de la récession quasi permanente dans laquelle il est plongé depuis 2008, soit cinq ans avant son entrée dans l’Union européenne.

Dans l’opposition depuis 2011, le parti de la présidente, la Communauté démocratique croate (HDZ – fondé en 1989 par feu le président Franjo Tudjman peu avant l’éclatement de la Yougoslavie) compte beaucoup sur le dynamisme de la nouvelle élue pour se relancer. Et emporter les législatives prévues pour la fin de l’année.

Avec ses cheveux blonds toujours impeccablement coiffés, ses longs cils noirs et ses tailleurs moulants, Kolinda Grabar Kitarovic n’est pas une inconnue sur la scène internationale où elle a déjà accompli une longue carrière. Ministre de l’Intégration européenne puis des Affaires étrangères (2003-2008), elle a été ambassadrice à Washington jusqu’en 2011 avant de devenir secrétaire général adjoint de l’OTAN durant trois ans.

Humour vache

Non dépourvue d’humour, diplômée en relations internationales, en anglais et en espagnol, cette fille d’un boucher née près de Rijeka le 29 avril 1968, aimait à dire qu’elle était «la seule personne de l’Alliance atlantique à savoir traire une vache».

Kolinda Grabar Kitarovic entre très jeune en politique, rejoignant le HDZ en 1990. «Je n’ai jamais renoncé à mes convictions et j’ai toujours eu les mêmes valeurs: la patrie et la famille sont mon choix de vie», déclare cette mère de deux enfants décrivant son mari comme «papa de profession».

Bien que catholique fervente, la nouvelle présidente semble plutôt modérée concernant les mœurs. Durant la campagne, elle a affirmé qu’elle n’aurait rien contre l’éventuelle homosexualité d’un de ses enfants et qu’elle autoriserait l’utilisation de la marijuana à des fins thérapeutiques. Par ailleurs, concernant l’avortement, elle a assuré que «c’est à la femme que revient la décision» de donner ou non la vie.

Dure en diplomatie

Si Kolinda Grabar Kitarovic fait partie de l’aile modérée du HDZ sur les questions de société, il en va tout autrement dans le domaine politique et diplomatique. S’inspirant des discours les plus nationalistes de Franjo Tudjman, elle a promis durant sa campagne d’imposer des conditions drastiques à l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne.

Cette ligne dure adoptée par la nouvelle présidente lui a non seulement permis d’attirer sur son nom les votes des ultranationalistes, mais promet de marquer son mandat. En effet, après la réforme constitutionnelle de 2001, la politique étrangère – domaine partagé avec le premier ministre – est l’un des rares où le rôle du président croate n’est pas qu’honorifique.

(24 heures)