
Les dépouilles des quatre juifs français tués dans l’attaque d’un supermarché casher par le djihadiste Amédy Coulibaly ont été inhumées à la mi-journée ce mardi 13 janvier à Jérusalem, en présence de centaines de personnes et du premier ministre Benjamin Netanyahou. La France y était représentée par sa ministre de l’Écologie Ségolène Royal.
Policier musulman
Un autre enterrement hautement symbolique devait avoir lieu en début d’après-midi près de Paris: celui d’Ahmed Merabet, policier français musulman, victime des frères Saïd et Chérif Kouachi, les deux djihadistes tueurs deCharlie Hebdo.
Son exécution à bout portant en pleine rue a été filmée et sa diffusion sur Internet a suscité une énorme émotion. Il devait être inhumé au cimetière musulman de Bobigny, banlieue populaire au nord-est de Paris.
Âgé de 40 ans, Ahmed Merabe est l’un des trois policiers, dont une jeune femme, à être tombés sous les balles des djihadistes la semaine dernière.
François Hollande a salué leur engagement collectif lors d’une cérémonie à leur mémoire à la préfecture de police de Paris. Il leur a remis à titre posthume la Légion d’honneur, plus haute distinction du pays. Ils «sont morts pour que nous puissions vivre libres», a déclaré le président français.
Édition exceptionnelle
Une semaine après l’attaque qui a décimé sa rédaction, le journal Charlie Hebdo s’apprête de son côté à sortir mercredi une édition «des survivants» au tirage exceptionnel de trois millions d’exemplaires, qui caricaturera de nouveau Mahomet.
A sa une, le prophète est croqué vêtu de blanc sous le titre ‘Tout est pardonné». Larme à l’œil, il tient la même pancarte «Je suis Charlie» que celle brandie par les près de 4 millions de manifestants descendus dimanche dans les rues de France.
Forces de l’ordre mobilisées
Deux jours après cette grande mobilisation, la classe politique met à l’épreuve à l’Assemblée nationale mardi sa volonté affichée de préserver l’unité retrouvée du pays. Le premier ministre socialiste Manuel Valls doit prononcer devant les députés un important discours sur la «réponse exceptionnelle» à apporter au terrorisme.
Pour rassurer la population et parer à la menace de nouveaux attentats, le gouvernement français a décrété lundi la mobilisation de près de 15’000 policiers et militaires. Mission: protéger tous les «lieux sensibles du territoire», notamment les 717 écoles et lieux de culte juifs du pays. La communauté musulmane, inquiète elle aussi d’une recrudescence d’actes islamophobes, a réclamé une protection renforcée des mosquées.
Manuel Valls, premier à reconnaître «des failles dans la sécurité du pays» après les attentats, a appelé lundi à «préserver l’esprit du 11 janvier» et mis en garde contre la tentation de mesures d’exception sur le modèle du Patriot Act.
Cette législation, votée en urgence aux Etats-Unis dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, a été durement critiquée ensuite pour ses atteintes aux libertés civiques.
Renforcer les écoutes
Le premier ministre français a défendu en revanche des mesures de renforcement des possibilités d’écoutes dans les enquêtes antiterroristes et l’isolement carcéral pour les détenus islamistes radicaux, afin de prévenir le prosélytisme.
Deux des djihadistes des attentats de Paris, Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi, avaient basculé dans l’islamisme radical lors de séjours en prison.
Alors que la «traque» d’éventuels complices des auteurs des attentats se poursuit, la justice bulgare a révélé mardi qu’un Français arrêté le 1er janvier à la frontière avec la Turquie était soupçonné de liens avec Chérif Kouachi.
(ats/Newsnet)