Stopper le terrorisme à la base

 

Lutter contre les extrémismes. La phrase est sur toutes les lèvres depuis une semaine. Pourtant, cette guerre ne pourra pas se gagner qu’avec des armes. Fort de ce constat, le Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience (GCERF) a vu le jour au mois de septembre à Genève à l’initiative de l’Organisation des Nations Unies. Son but: financer des projets afin d’éviter que les jeunes se radicalisent.

«Les événements qui se sont produits en France la semaine passée sont dramatiques, indique le directeur de la nouvelle fondation, le professeur Khalid Koser. Ils démontrent que le combat doit se dérouler sur plusieurs terrains et que la prévention a un rôle essentiel à jouer. Le GCERF a donc sa place. Nous sommes la première organisation à soutenir ce type d’actions.»

Subventionnée par la Suisse, les Etats-Unis, l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, le Qatar, le Maroc, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne, la structure a déjà obtenu des promesses de dons à hauteur de 25 millions de francs. Les fonds financeront des projets soumis par des ONG ou des membres de la société civile de pays touchés par la montée des extrémismes. Quatre pays se sont portés volontaires pour la phase pilote qui démarrera dans les semaines à venir: le Bangladesh, le Mali, le Maroc et le Nigeria. «Actuellement, on se rend compte que personne ne sait réellement comment endiguer le terrorisme, ajoute le professeur. Faut-il agir militairement, en œuvrant contre la pauvreté, contre l’endoctrinement? Quelles sont les priorités? Nous sommes convaincus que les communautés confrontées à ces problèmes tous les jours ont des réponses et des idées à proposer. Malheureusement, elles n’ont souvent pas les moyens de subventionner des initiatives. C’est là qu’intervient le GCERF. Nous serons évidemment amenés à subventionner des actions visant à améliorer l’éducation, le rôle des femmes ou l’accès à la culture, mais je suis persuadé que de nouvelles idées extrêmement pertinentes surgiront de la société civile.»

Si les quatre projets pilotes concernent des pays musulmans, le champ d’action de la fondation se veut bien plus large. Tous les types d’extrémismes sont ciblés et tous les pays (pour autant que les gouvernements l’acceptent) peuvent potentiellement être concernés. Une priorité sera tout de même donnée aux initiatives concernant des pays qui n’ont pas les moyens de financer ce type d’action. «Il est évident que le problème du terrorisme se pose également en Europe. Ce qui s’est passé à Paris ou quelques semaines avant à Sydney est tragique, mais ces pays peuvent lancer des initiatives préventives, commente le directeur. Le réel problème ne se situe pas dans les pays riches. Ces derniers mois, il y a eu des attaques dramatiques au Pakistan, au Yémen ou encore en Syrie. Si nous voulons freiner les extrémismes, il faut travailler d’abord là où le problème est le plus grand. Ce qui arrive dans une zone de notre planète peut avoir de graves conséquences ailleurs. C’est devenu un phénomène international.»

Reste à savoir si les moyens financiers dont bénéficie le GCERF seront suffisants pour lutter contre une telle menace. «Il est évident que nous ne pourrons pas nous battre seuls, mais nous sommes une partie de la réponse. Avec 25 millions, nous pouvons d’ores et déjà subventionner de nombreux projets. Notre rôle sera également de former les acteurs locaux afin de faire en sorte que ces actions puissent ensuite trouver leur propre financement. Je suis confiant, nous avons déjà quatre nouveaux pays qui envisagent de nous donner des fonds.»

(24 heures)