
En démissionnant mercredi, Giorgio Napolitano a, élégamment, officialisé ce qu’il avait laissé entendre à ses compatriotes lors de ses vœux de Nouvel-An. Son grand âge – il fêtera ses 90 ans le 29 juin prochain – ne lui permet plus d’assumer la lourde tâche de président de la République qu’il occupe depuis mai 2006.
A peine ouverte, la succession de ce vieux sage, né à Naples deux ans après l’avènement du fascisme, promet d’être mouvementée, tant les rapports de force sont confus, jusqu’au sein même des partis politiques. Le collège des grands électeurs, qui réunit députés et sénateurs auxquels se joignent 58 représentants des régions, devrait tenter d’élire la perle rare dès la fin du mois.
D’ici là, les Italiens auront tout loisir de rendre hommage à un homme dont la rectitude, la classe naturelle et le sens du devoir font la quasi-unanimité. Des valeurs pas toujours respectées par la classe politique italienne.
Réformiste
Membre du Parti communiste italien (PCI) dès 1945, Giorgio Napolitano appartient à son aile réformiste. A ce titre, il appuiera évidemment la «rupture» avec Moscou qu’Enrico Berlinguer, alors secrétaire du parti, décrétera après l’invasion de la Tchécoslovaquie.
Mais, comme l’écrivait hier le fondateur du quotidien La Repubblica, Eugenio Scalfari, cela ne suffit pas à Napolitano. Car «Berlinguer restait communiste. Lui voulait aller plus loin et se rapprocher de l’Internationale socialiste.
Ce credo réformiste ne vaudra pas que des amis à Napolitano. Mais, il n’en déviera jamais durant sa carrière politique qui le voit élu député pour la première fois en 1953. Les années de plomb, l’échec du compromis historique et l’assassinat d’Aldo Moro en 1978 vont renforcer ses convictions.
Consécration
Son accession à la présidence en 2006 est une manière de consécration pour cet homme qui a toujours eu une certaine idée de l’Italie. En 2011, alors que l’Italie n’a plus aucune crédibilité en Europe, il pousse le premier ministre d’alors, un certain Silvio Berlusconi, à la démission. Et nomme l’économiste Mario Monti à la tête d’un gouvernement chargé de conduire le pays aux élections de 2013.
Le 20 avril de la même année, Giorgio Napolitano, qui ne voulait pas concourir à sa propre succession, est réélu à la tête de l’Etat. Il est le seul candidat qui trouve grâce aux yeux d’un parlement sans majorité claire.
C’est dans ce contexte qu’il nommera, en février dernier, l’actuel premier ministre Matteo Renzi. Des «manœuvres» que certains reprocheront aux vieux sage, surnommé le «roi Giorgio» par son plus virulent critique, le comique Beppe Grillo.
(24 heures)