L’Ukraine sous le choc après la mort de douze civils dans l’Est

 

Les autorités pro-Kiev de Donetsk ont décrété une journée de deuil mercredi, pour rendre hommage aux victimes. Une campagne «Je suis Volnovakha», du nom de la localité où le drame est survenu, a été lancée par des internautes ukrainiens en vue de l’organisation d’une marche de paix à Kiev, à l’instar de la mobilisation «Je suis Charlie» après les attentats en France.

Dmytro Loubinets, député du parti du président ukrainien Petro Porochenko, a appelé ce 14 janvier mercredi les députés et hommes politiques ukrainiens à se joindre à l’initiative de la société civile. «Nous devons organiser notre Marche de paix et montrer au monde civilisé notre attitude envers le terrorisme et la Russie», a-t-il lancé dans l’hémicycle.

Accusations réciproques

Selon les autorités ukrainiennes, les rebelles, que Kiev qualifie de «terroristes», ont tiré au lance-roquettes multiple Grad pour viser le checkpoint ukrainien de Bougas, près de Volnovakha situé à 35 km au sud de Donetsk, mais ils ont touché un bus rempli de civils.

La Russie a de son côté accusé les forces de Kiev d’être à l’origine des tirs. «On est indigné par les tirs contre un bus, un nouveau crime des forces de Kiev», a lancé Konstantin Dolgov, l’émissaire du ministère russe des Affaires étrangères chargé des droits de l’homme. «Cela sape le processus de règlement pacifique», a-t-il poursuivi, cité par l’agence russe Tass.

Condamnations

Les Etats-Unis ont, eux, condamné les «attaques brutales et répétées» des séparatistes prorusses et appelé la Russie à remplir ses engagements conformément aux accords (de cessez-le-feu en septembre dernier) de Minsk».

Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, s’est déclaré «profondément troublé par l’escalade des combats» dans cette région. Cité par son porte-parole, il a réclamé une enquête et demandé que les responsables «soient traduits en justice».

Frein au processus de paix

Après une relative accalmie, qui avait suivi la nouvelle trêve conclue le 9 décembre, l’Est séparatiste prorusse de l’Ukraine connaît un regain de violences depuis la fin de la semaine dernière. Les efforts pour relancer le processus de paix sont dans l’impasse.

Mercredi, le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a fait état d’un soldat ukrainien tué et 17 blessés. La mairie de Donetsk a pour sa part annoncé qu’un civil a été tué et un blessé en 24 heures.

Par ailleurs, deux militaires ukrainiens ont été grièvement blessés lorsque leur camion a sauté sur un engin artisanal près de la zone de Stanitsa Louganska, un autre point chaud dans la région séparatiste voisine de Lougansk, a annoncé le gouverneur régional pro-Kiev Guennadi Moskal.

Le chef de la police locale fidèle à Kiev, Viatcheslav Abroskine, a lui signalé d’«intenses bombardements rebelles» de la ville d’Avdiïvka, située à 6 km au nord de Donetsk, et la destruction de plusieurs bâtiments publics.

Sommet reporté

Le sommet qui devait réunir jeudi au Kazakhstan les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine avec la participation d’Angela Merkel et de François Hollande a été reporté sine die et sa tenue paraît de plus en plus incertaine.

Une délégation de l’OTAN, dans laquelle l’Ukraine ambitionne d’entrer au grand dam de Moscou, est arrivée à Kiev mercredi pour une visite d’une semaine destinée à la «coopération militaire et technologique».

Enfin, une réunion du «groupe de contact» sur l’Ukraine, qui regroupe le gouvernement de Kiev, la Russie et l’OSCE, pourrait se tenir dans les prochains jours pour envisager un plan de paix, déclare le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavlo Klimkin, cité par l’agence de presse Interfax.

(ats/Newsnet)