
Assaut contre une cellule en Belgique, coups de filet en Allemagne, arrestation en Autriche et interpellations en France en lien avec les attentats contre «Charlie Hebdo»: des opérations se sont multipliées depuis jeudi en Europe. Cinq personnes ont été inculpées en Belgique, a indiqué vendredi 16 janvier le parquet fédéral.
Parmi les cinq personnes inculpées pour «participation aux activités d’un groupe terroriste», trois ont été placées en détention préventive.
L’une de ces trois personnes est le djihadiste présumé qui a survécu à l’assaut donné par la police jeudi soir à Verviers, selon le porte-parole du parquet fédéral, Eric Van der Sijpt, qui s’est refusé à dévoiler leur identité. Les deux autres inculpés ont été «libérés sous conditions».
Sur pied de guerre
La Belgique était sur le pied de guerre au lendemain d’un violent assaut de la police contre une cellule djihadiste à Verviers (est). Deux suspects sont décédés après avoir riposté à l’arme de guerre.
Revenus récemment de Syrie, ils s’apprêtaient à commettre un attentat, selon le parquet fédéral. Les attaques étaient même prévues «sous quelques heures», selon plusieurs médias.
Treize personnes ont été arrêtées lors de 12 perquisitions et la Belgique va demander l’extradition de deux ressortissants belges interpellés en France. L’opération a également permis la saisie d’armes et d’explosifs ainsi que la découverte d’uniformes de la police.
Appel à l’armée
Suite à cette opération, le niveau de menace terroriste, qualifié de «grave», a été relevé d’un cran, à 3 sur une échelle de 4, pour l’ensemble du royaume.
A Bruxelles, les postes de police ont été fermés et les commissariats filtraient les entrées. Dans plusieurs zones, les policiers étaient priés de ne pas se rendre sur la voie publique en uniforme sans arme et gilet pare-balles.
Le Premier ministre Charles Michel a annoncé que la Belgique va faire appel à l’armée pour renforcer sa sécurité, alors que les militaires ne faisaient pas jusqu’à présent de maintien de l’ordre dans le pays. Cette mesure est une première depuis la vague d’attentats des Cellules communistes combattantes (CCC) dans les années 1980.
Décisions souhaitées au niveau européen
Charles Michel a souligné que ce déploiement pourrait se faire rapidement, c’est-à-dire «ce soir ou demain», et pour une période «temporaire» qui durera «tant que le gouvernement le jugera nécessaire».
Le chef du gouvernement belge a aussi souhaité qu’une série de décisions puissent être prises au niveau européen, lors du sommet prévu le 12 février à Bruxelles, citant le lancement d’une «liste unifiée des terroristes au niveau européen».
La Commission européenne a de son côté annoncé avoir renforcé sa sécurité. Le niveau d’alerte a été augmenté.
Pas de lien
Les suspects arrêtés étaient sur écoute dans le cadre d’une enquête ouverte avant les massacres commis à Paris au nom de l’islam radical par les frères Chérif et Saïd al-Kouachi et Amédy Coulibaly.
«Il n’y a pas de lien entre les attentats à Paris et ceux programmés en Belgique» ni «entre les filières», a toutefois insisté le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders.
Perquisitions à Berlin
A Berlin, une dizaine de perquisitions au sein de la «mouvance islamiste» ont été effectuées vendredi matin.
Deux Turcs ont été arrêtés, dont l’un soupçonné de diriger un «groupe d’extrémistes» qui envisageait «un acte violent grave en Syrie» et l’autre s’occupait des finances de ce groupe. Mais la police n’a pas fait état «d’indice montrant que le groupe préparait des attentats en Allemagne».
Arrestation en France
La police autrichienne a elle interpellé vendredi à Vienne un jeune Turc de 14 ans. Il avait disparu mardi alors qu’il se trouvait sous contrôle judiciaire pour avoir voulu faire exploser une bombe dans un lieu public, a annoncé la police.
En France, l’enquête sur les attentats qui ont fait 17 tués la semaine dernière a rebondi avec l’interpellation de douze personnes dans la nuit de jeudi à vendredi en région parisienne. Ces personnes vont être interrogées sur le «possible soutien logistique» qu’elles sont susceptibles d’avoir apporté aux tueurs, notamment des armes et des véhicules, a dit une source judiciaire.
Parmi les interpellés, qui ont été placés en garde à vue, figure un ami d’Amédy Coulibaly, connu pour des faits de braquage et arrêté à Grigny, selon une source policière.
(ats/Newsnet)