Corée du Nord: Les mensonges d’un rescapé ne changent rien sur le fond

 

Shin Dong-hyuk est la seule personne née dans un camp nord-coréen qui est parvenue à s’en échapper. Après un témoignage bouleversant, le jeune homme a fini par admettre qu’il avait modifié certains détails. Sur sa page Facebook, il a tenu à fournir des explications.

Un aveu qui ne change rien à la réalité des camps, a estimé mercredi 21 janvier le chef d’une commission d’enquête ad hoc des Nations unies.

«La rétractation partielle de Shin Dong-hyuk, revenu sur son témoignage à la Commission d’enquête sur la Corée du Nord, n’est pas significative pour le rapport, les conclusions ou les recommandations de la commission», a déclaré Michael Kirby, juge australien à la retraite.

Shin Dong-hyuk, 32 ans, a reconnu que certaines parties de son récit étaient inexactes, en particulier des détails sur des lieux ou au niveau de la chronologie. Il a affirmé toutefois que l’essentiel du récit de ses souffrances était bien réelle.

Des preuves «écrasantes»

Michael Kirby a quant à lui rappelé qu’environ 300 personnes avaient déposé devant la commission de l’ONU dont les conclusions accablantes se fondent sur des preuves convergentes et «écrasantes» pour Pyongyang.

«La polémique sur le récit de M. Shin semble porter sur l’identité exacte du camp dont il s’est échappé», a relevé Michael Kirby. «Mais concernant l’appréciation générale des graves violations des droits de l’Homme subies par la population nord-coréenne depuis 65 ans, son expérience, aussi importante soit-elle pour lui et sa famille, n’est pas essentielle à l’enquête», a insisté M. Kirby.

Shin est la seule personne connue à être née dans un camp nord-coréen et à avoir réussi à s’en évader.

Pour Pyongyang, ses aveux contrits «font tomber le masque» des ennemis de la Corée du Nord qui sont prêts, selon elle, à toutes les falsifications pour la discréditer.

Dans un communiqué diffusé par l’agence de presse officielle KCNA, un porte-parole de l’Association nord-coréenne d’études sur les droits de l’Homme a avancé que Shin était un des témoins à charge les plus en vue et qu’à ce titre le rapport était plus que fragilisé.

Atrocités «sans égal»

Une commission d’enquête de l’ONU a recensé entre 80 et 120’000 détenus dans les camps nord-coréens et accusé la Corée du Nord de commettre depuis des décennies des atrocités «sans égal dans le monde contemporain».

Son rapport a été transmis à l’Assemblée générale de l’ONU qui a demandé au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale (CPI).

Pour Pyongyang, les mensonges de Shin prouvent que ce rapport est «un faux document bricolé à partir de faux témoignages produits par des déchets humains».

«Inutile de dire que toutes les résolutions sur les droits de l’Homme adoptées contre (la Corée du Nord) sur la base de ces faux documents sont nulles et non avenues», a asséné l’Association nord-coréenne d’études sur les droits de l’Homme.

«M. Shin porte, sur son corps, la preuve des tortures et des souffrances», a répliqué Michael Kirby.

(afp/Newsnet)