Selon l’OSCE, la sécurité en Europe doit être réenvisagée

 

Après une année à la présidence de l’OSCE, la Suisse reste très engagée dans l’organisation pour la sécurité, avec comme préoccupation centrale l’apaisement du conflit ukrainien qui fragilise l’Europe.

Didier Burkhalter avait annoncé la mise sur pied d’un Groupe des Sages au Conseil ministériel de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Bâle, en décembre dernier. Le groupe chargé de réfléchir à «l’OSCE de l’avenir» et à la sécurité européenne est désormais constitué. Quinze personnalités de haut niveau, issues de quinze pays, feront part de leurs recommandations d’ici la fin de l’année, précise Raphael Nägeli.

La confiance dans l’acte d’Helsinki, fondateur de l’OSCE, «est sérieusement entamée», constate le diplomate suisse. Il en veut pour preuve le fait qu’en «2014 par exemple, avec ses interventions en Ukraine la Russie a violé au moins huit des dix principes qu’il contient».

Il s’agit donc de revoir non pas les principes, mais les mécanismes de mise en oeuvre pour les rendre plus efficaces. Et par la même occasion, «d’offrir entre autres à la Russie une sortie, sans qu’elle perde la face».

Barbara Haering pour la Suisse

Si l’initiative est suisse, le pilotage du Groupe des Sages revient à l’ambassadeur allemand Wolfgang Ischinger, qui s’est distingué en 2014 comme représentant de la présidence de l’OSCE pour le dialogue national en Ukraine.

La Russie et plusieurs de ses voisins sont représentés dans ce groupe, que Raphael Nägeli qualifie d’«hétérogène». La Suisse aussi, avec l’ex-conseillère nationale Barbara Haering (PS/ZH), ancienne vice-présidente de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE. Elle préside actuellement le Conseil de fondation du Centre international de déminage humanitaire de Genève (GICHD).

Arrondir les angles

La Suisse s’engage aussi au sein de l’OSCE dans des conflits plus anciens, dans les Balkans ou le Caucase du Sud. Elle a notamment délégué son ambassadeur Gerard Studman pour faciliter les relations entre la Serbie et ses voisins, y compris le Kosovo.

Le diplomate suisse accompagnera le ministre serbe des Affaires étrangères et président en exercice de l’OSCE Ivica Dacic lors de ses déplacements à Pristina, Tirana ou Sarajevo. Une façon d’arrondir les angles, de rendre «plus neutres» ces visites délicates d’un ministre serbe chez ses voisins, explique Raphael Nägeli.

Un autre diplomate suisse, Angelo Gnaedinger, s’active en Géorgie, en conflit avec Moscou autour de ses républiques sécessionnistes d’Ossétie du sud et d’Abkhasie. La Suisse met aussi l’accent sur le travail avec la société civile: «Intervenir seulement au niveau ministériel ne suffit pas. Il faut créer aussi des plateformes de dialogue entre ONG, artistes, fonctionnaires», souligne Raphael Nägeli.

Marge de manoeuvre minime

Enfin, le conflit du Haut-Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie continue d«occuper la Suisse: «Nous aimerions créer un format permanent de discussion pour trouver une solution», expose Raphael Nägeli.

Ou «au moins pour faire avancer les choses», nuance le diplomate. Il admet qu’il s’agit conflit où la marge de manoeuvre est minimale, étant donné que les grandes puissances y ont leurs propres intérêts.

(ats/Newsnet)