Allemagne: La «longue marche» de Pegida prend fin

 

Né à Dresde en octobre 2014 avec quelques centaines de «patriotes européens contre l’islamisation de l’Europe», ce mouvement est devenu en quelques mois un phénomène d’ampleur internationale avec des ramifications dans toute l’Europe, y compris en Suisse. Mais René Jahn, le vice-président, a fait comprendre que les «manifestations du lundi» devront avoir une fin. «On ne va pas défiler éternellement», a-t-il reconnu.

D’autant que la stratégie d’expansion n’a pas fonctionné. Le mouvement n’a pas réussi à s’ancrer dans d’autres villes d’Allemagne, notamment grâce à une mobilisation anti-Pegida exceptionnelle. «Le phénomène est resté concentré sur Dresde», insiste Andreas Zick, directeur de l’Institut interdisciplinaire sur les conflits et la violence de l’Université de Bielefeld.

Pour assurer sa survie, Pegida a donc choisi de changer de stratégie. Après avoir décrié la «presse pourrie», les leaders acceptent désormais de parler aux médias. La porte-parole Kathrin Oertel est venue dimanche débattre pour la première fois sur un plateau de télévision. La première conférence de presse du mouvement a eu lieu lundi dernier, trois mois après la première manifestation.

Un repris de justice
Le départ de l’initiateur Lutz Bachmann, un repris de justice condamné pour vols et détention de drogue, va permettre de conclure le rapprochement avec l’AfD (Alternative pour l’Allemagne). Ce parti anti-euro, qui a déjà réussi à vampiriser le mouvement, a inscrit le «combat contre l’islamisme» à l’ordre du jour de son congrès à la fin de janvier. Un virage notoire quand on sait que la sortie de l’euro, thème porteur des dernières élections fédérales, n’arrive plus qu’en cinquième position des priorités pour ce parti populiste.

Enfin, Pegida a trouvé un relais au sein du parti. Frauke Petry, députée AfD ultraconservatrice de Saxe, s’affirme désormais comme la porte-parole des «patriotes européens» sur les bancs de l’assemblée de Saxe. Le rapprochement entre l’AfD et Pegida sera suivi par la classe politique qui l’interprète comme un danger pour la démocratie. «L’émergence d’un leader charismatique au sein de ce mouvement serait une catastrophe pour l’Allemagne», prévient Werner Schiffauer, président du Conseil interuniversitaire sur les migrations.

(24 heures)