Cuba – Etats-Unis: Deux femmes d’expérience négocient le dégel

 

Les Etats-Unis et Cuba ont tenu jeudi à La Havane, pour la deuxième journée consécutive, des discussions sur la normalisation de leurs relations, rompues depuis 1961. Les deux pays ont posé des premiers jalons en vue de la réouverture d’ambassades. Pour l’heure, tous deux n’ont qu’une «section d’intérêts» sur le sol de l’autre, celle des Etats-Unis étant abrité à La Havane par l’ambassade de Suisse.

A la tête des deux délégations qui travaillent à ce dégel historique, deux femmes d’expérience et de la même génération: côté Etats-Unis, la secrétaire d’Etat adjointe Roberta Jacobson, experte du continent latino-américain; côté cubain, Josefina Vidal, directrice des États-Unis au Ministère des affaires étrangères. Toutes deux se connaissent bien. Elles sont au cœur du processus qui s’opère discrètement depuis des mois entre les deux pays.

Josefina Vidal, qui a fait ses classes dans la section d’intérêts cubains à Washington, est considérée comme une des meilleures expertes cubaines de la politique américaine. En 2013, dans une prestation à l’Université de Columbia qui marquera les esprits, elle invite Washington à poursuivre la politique d’ouverture qui s’amorce. «Cuba et les Etats-Unis pourraient gagner beaucoup de relations mutuelles basées sur des intérêts communs», lance-t-elle en réclamant la levée de l’embargo, et rappelant au passage à Barack Obama que le support que les Cubains lui ont apporté lors de sa réélection en 2012 est lié à sa nouvelle politique d’ouverture. Cuba est en pleine transformation économique, l’île vit à l’heure d’une nouvelle génération politique, le temps est venu de faire évoluer les relations entre les deux pays, dit-elle. On est loin du temps où les slogans sur l’impérialisme américain pleuvaient depuis La Havane.

Un sondage du think tank Pew Research, publié le 16 janvier, a de quoi conforter la volonté de dégel, également portée par Roberta Jacobson. Il montre que 63% des Américains approuvent le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba. Et 66% sont même favorables à la fin de l’embargo. Il pourrait faire douter des Républicains pour l’heure très hostiles à ce changement de politique.

(24 heures)