Début des tractations historiques entre Cuba et les USA

 

Cubains et Américains ont entamé ce jeudi 22 janvier des négociations très attendues sur le rétablissement de leurs relations diplomatiques et la réouverture d’ambassades. Leurs discussions entamées la veille, consacrent le dégel annoncé mi-décembre entre les deux ennemis historiques.

Les délégations sont emmenées par la sous-secrétaire d’Etat pour l’hémisphère occidental, Roberta Jacobson, et Josefina Vidal, chargée des relations avec les Etats-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères. Leur mission: étudier comment renouer les liens diplomatiques rompus en 1961.

Mais beaucoup de questions sont à aborder avant d’évoquer le retour d’ambassadeurs dans les deux pays. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a souhaité mardi soir à Washington la levée d’une série de restrictions imposées aux «sections d’intérêt» établies dans les deux pays depuis 1977.

Il a notamment réclamé la levée des obstacles aux voyages des diplomates à l’intérieur de Cuba et la fin de la limitation du nombre de personnels diplomatiques accrédités. Il a aussi demandé «la levée des entraves sur les livraisons vers notre mission (diplomatique) afin que nous puissions la faire fonctionner correctement».

Nombreuses restrictions

A La Havane, la délégation cubaine a relevé mardi les difficultés financières rencontrées par la mission cubaine à Washington du fait des restrictions liées à l’embargo américain imposé depuis 1962. La section consulaire aura «bientôt passé un an» sans avoir accès à des services bancaires, «ce qui occasionne de graves perturbations pour ses services», a rappelé le ministère des Affaires étrangères.

Comme les diplomates américains à Cuba, les Cubains dépêchés à Washington sont soumis à de nombreuses restrictions. Ils ont notamment besoin d’une autorisation de leurs hôtes américains pour quitter Washington.

John Kerry optimiste

C’est une négociation qui requiert «un consentement mutuel», a précisé M. Kerry. Se montrant optimiste, il a toutefois manifesté sa disposition à «se rendre à Cuba pour y ouvrir officiellement une ambassade», mais seulement «quand ce sera le bon moment, quand ce sera approprié».

Après une première session à huis clos mercredi, les parties se sont quittées en désaccord sur plusieurs sujets liés aux migrations, mais ont salué la bonne tenue des débats et l’attitude constructive affichée de part et d’autre. Il s’agissait du premier contact de haut niveau entre les deux pays sur l’île depuis 35 ans.

«Dans le même lit»

«Même si La Havane et Washington n’ont pas le même objectif à long terme, aujourd’hui ils sont dans le même lit. Peu importe si leurs rêves sont différents», a estimé pour l’AFP Arturo Lopez Levy, professeur de relations internationales à l’Université de New York.

Mercredi soir, Mme Jacobson, première responsable américaine de ce niveau à fouler le sol cubain depuis l’administration Jimmy Carter, a participé à un «dîner de travail» avec des responsables du régime communiste pour poser les bases du dialogue de jeudi.

Le président américain Barack Obama s’est engagé à soumettre au Congrès la levée de l’embargo. En décembre, il a déjà levé une série de restrictions commerciales, financières et sur les voyages. De son côté, La Havane a libéré 53 prisonniers politiques figurant sur une liste remise par les Etats-Unis.

(ats/Newsnet)