
La grande «marche pour le changement», prévue à partir de midi place de Cibeles et qui devait relier la Puerta del Sol, dans le centre historique de la capitale, rassemblait une foule compacte, des dizaines de milliers de personnes, selon plusieurs journalistes de l’AFP.
«Si se puede, si se puede» (Oui, c’est possible), scandait la foule. «Tic tac, tic tac, c’est l’heure du changement», lisait-on sur les grands calicots de manifestants débarquant en bus des quatre coins de l’Espagne.
Empire de la finance
La marche a lieu moins d’une semaine après la victoire en Grèce du parti de gauche Syriza, dont les dirigeants ont régulièrement fait campagne aux côtés de ceux de Podemos.
Issus de deux des pays européens les plus durement touchés par la crise, avec plus d’un cinquième de leur population active au chômage, Podemos et Syriza rejettent tous les deux la «troïka» (Banque centrale européenne, Commission européenne et Fonds monétaire international).
Selon les deux partis, il faut mettre fin à l’empire de la finance internationale qui oublie l’humain et poser la question d’une restructuration de la dette.
Ascension fulgurante
Le rassemblement survient moins d’un an avant des législatives et quatre mois avant des élections régionales partielles et municipales, où des candidats de Podemos ont prévu de se présenter.
Le parti fondé il y a un an a créé la surprise en mai 2014 en obtenant 1,2 million de voix, cinq députés, aux Européennes. Depuis, son ascension dans les sondages a été fulgurante: il dépasse régulièrement le Parti socialiste et parfois même le Parti populaire (droite) au pouvoir, devenant ainsi théoriquement la première ou deuxième force politique du pays.
Podemos («Nous pouvons»), issu du mouvement des Indignés né à Madrid le 15 mai 2011 pour dénoncer la haute finance, l’austérité et l’establishment, a fait un pari inhabituel: manifester non pas «contre» mais «pour».
Attaques violentes
«Cette marche doit enlever la peur aux gens. Syriza a ouvert le chemin», confiait un des manifestants, Sergio Dominguez, 33 ans, mécanicien au chômage depuis trois ans. «Ce n’est pas une manifestation, c’est une fête», expliquait l’un des dirigeants du parti, Inigo Errejon.
Le parti est violemment attaqué par la droite et la gauche traditionnelles espagnoles, qui l’accusent de populisme et de mettre en danger la fragile reprise économique ( 1,4% en 2014) en promettant «la lune et même le soleil».
Chaque jour, les médias proches de l’un ou l’autre camp publient des informations visant à montrer ce qu’ils décrivent comme le vrai visage de ses dirigeants, accusés de cacher leur nature d’extrême gauche, voire d’être financés par le Venezuela.
(ats)