Les Irlandais s’opposent aux compteurs d’eau

 

Les Irlandais vont une nouvelle fois descendre dans la rue ce samedi pour protester contre la mise en place de compteurs d’eau individuels dans les foyers. Jusqu’ici, la consommation d’eau n’était pas facturée en Irlande. Une taxe sur l’eau était en effet incluse dans les impôts. La distribution de l’eau était donc quasi gratuite.

Le projet d’installation de compteurs, décidé par le gouvernement en 2013 et mené par Irish Water, une société créée par l’État, devait aboutir en ce mois de janvier. Mais en novembre, de grandes manifestations contestaient ce projet, listé parmi les réformes exigées par le Fonds monétaire international, l’Union européenne et la Banque centrale européenne, en contrepartie d’un plan d’aide financière à l’Irlande, touchée par la crise.

En novembre dernier, la rue avait alors obtenu que le gouvernement passe de 400 euros à 160 euros, le forfait annuel d’abonnement, imposé à chaque foyer. Mais cela ne suffit pas.

Les opposants craignent que l’entreprise nationale ne soit à terme privatisée pour tomber dans les mains des multinationales du secteur. Ils ne doutent pas que le prix de l’eau subira alors une forte hausse, comme partout ailleurs. Ils jugent aussi que les aides aux plus démunis sont trop faibles. Ils sont enfin révoltés par l’annonce de bonus accordés à la direction d’Irish Water, en cette période de vaches maigres.

Cet hiver, des actions ont été menées pour empêcher l’installation de compteurs d’eau à Cork, au sud de l’île, comme à Donaghmede, au nord-est de Dublin. Des réunions d’Irish Water ont été perturbées. Des installateurs de compteurs ont été séquestrés. Des appareils ont été vandalisés.

S’ils défilent avec des pancartes «Mort à Irish Water», les Irlandais se dressent plus largement contre l’austérité ou les privatisations inspirées par l’Europe. L’eau payante est devenue le point de fixation d’une grogne plus large contre les mesures d’austérité imposées aux populations.

(TDG)