Pilote jordanien exécuté: «Plus déterminée que jamais à combattre» l’EI

 

L’exécution d’un pilote jordanien, brûlé vif par le groupe Etat islamique (EI), a provoqué choc et colère en Jordanie. Le gouvernement a affirmé mercredi être «plus que jamais déterminé» à «combattre le groupe terroriste Daesh», un acronyme en arabe de l’EI, a déclaré a l’AFP le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Information. «Le sang du martyr Maaz al-Kassasbeh ne sera pas vain et la riposte de la Jordanie et de son armée (…) sera sévère», a dit le roi Abdallah II, lequel a écourté sa visite aux Etats-Unis.

«La réponse de la Jordanie sera ferme, terrible et forte», avait déjà prévenu mardi Mohammad Momani. «Celui qui doutait de la barbarie de l’organisation EI, en voici la preuve (…) et celui qui doutait de l’unité des Jordaniens, on lui prouvera le contraire.»

La population devrait se ranger fermement derrière son gouvernement dans sa participation à la guerre antijihadistes, selon les experts. Depuis l’annonce de la participation de la Jordanie aux frappes de la coalition internationale menées en Syrie contre l’EI, des voix s’étaient élevées dans le royaume, inquiètes pour la sécurité intérieure. Mais l’atrocité de l’exécution du pilote Maaz al-Kassasbeh ne peut qu’«inciter encore plus les Jordaniens à se ranger derrière leur armée et leurs dirigeants», estime l’analyste Mohamed Abou Remmane, du Centre d’études stratégiques à l’Université de Jordanie.

Le peuple crie vengeance

Franchissant un nouveau palier dans l’horreur, l’EI a diffusé mardi une vidéo montrant un homme présenté comme Kassasbeh, enfermé dans une cage en métal. Un homme masqué prend une torche et met le feu à de l’essence. Les flammes se propagent jusqu’à la cage et le supplicié se transforme en une boule de feu. Pour Romain Caillet, spécialiste des mouvements jihadistes, il s’agit d’une «vidéo choc avec un «châtiment» inédit» ayant pour but de terroriser la coalition internationale qui mène des raids contre l’EI en Irak et en Syrie depuis l’été 2014. Dans la vidéo du pilote, le groupe jihadiste a du reste donné les adresses d’autres pilotes jordaniens de la coalition et promis une récompense de «100 pièces en or» à ceux qui les tueraient.

Aussitôt après la diffusion de cette vidéo, des centaines de Jordaniens sont descendus dans la rue pour dénoncer ce crime et crier vengeance. Le père de l’otage exécuté a réclamé «des représailles très sévères» contre l’EI, appelant à «venger le sang de Maaz», et son frère l’a qualifié de «martyr».

«Aujourd’hui, il y a un large consensus dans l’opinion publique jordanienne sur la nécessité de la guerre contre l’organisation (EI)», a ajouté Mohamed Abou Remmane, qui précise que «c’est la première fois que les Jordaniens prennent conscience du fait qu’ils sont en état de guerre».

Intervention terrestre?

La Jordanie «pourrait demander de revoir la stratégie adoptée qui se limite (actuellement) à des raids aériens», poursuit l’expert. Qui avance qu’elle pourrait «envisager une intervention terrestre», alors que les Etats-Unis ont exclu la présence de soldats au sol.

En première mesure de représailles, la Jordanie a pendu mercredi la jihadiste irakienne Sajida al-Rishawi et un autre jihadiste condamnés à mort dans le royaume. Le meurtre du pilote «va unir les Jordaniens (…) et donnera la légitimité populaire à la participation de la Jordanie dans la coalition internationale», a estimé l’auteur jordanien Fahd Khitan.

(ats/afp)