Norvège: Oslo renonce à interdire la mendicité

 

Après plusieurs jours de controverse, le gouvernement de droite a retiré un projet qui prévoyait de punir la mendicité d’une amende et/ou d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à un an – en cas de mendicité en bande organisée -, officiellement pour lutter contre le trafic d’êtres humains et la délinquance associée à cette pratique.

Les mêmes sanctions étaient proposées pour les personnes coupables de «complicité», notamment comme celles fournissant aux mendiants un gîte, des moyens de transport ou encore «des approvisionnements et du matériel à une personne pour que celle-ci puisse mendier».

Cette disposition a provoqué un tollé et le ministre de la Justice, Anders Anundsen, membre du Parti du progrès (droite populiste et anti-immigration), l’un des deux partis au pouvoir aux côtés des conservateurs, s’est vu accusé de vouloir rendre la charité illégale.

«Le gouvernement aurait au moins pu, par décence, rédiger un projet ne laissant aucun doute sur le fait que ce ne sont pas les gestes habituels de compassion qu’il veut interdire», soulignait jeudi une commentatrice du journal Verdens Gang (VG), s’inquiétant du fait qu’offrir un gobelet ou une boisson à un mendiant puisse à l’avenir tomber sous le coup de la loi.

«On préfère lutter contre les pauvres»

Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes s’étaient dit prêts à lancer une campagne de désobéissance civile, accusant le pouvoir de cibler en particulier les roms.

«La Norvège, pays où l’on préfère lutter contre les pauvres plutôt que contre la pauvreté», ironisait Oeyvind Steinklev sur Twitter. Devant cette polémique, le petit parti du Centre (opposition) a décidé jeudi de retirer son soutien à une interdiction totale de la mendicité, privant ainsi le gouvernement d’une majorité au Parlement.

Le ministère de la Justice a annoncé le retrait de la proposition controversée dans la foulée. Les municipalités gardent toutefois la possibilité d’interdire localement la mendicité depuis qu’un texte en ce sens a été adopté l’an dernier. A ce stade, seule la petite ville d’Arendal (sud) a décrété une telle mesure. D’autres pays européens interdisent la mendicité à l’échelle nationale (Grande-Bretagne, Danemark) ou locale.

(afp)