«SwissLeaks»: Mohamed VI en visite à Paris touché par les révélations

 

Le Roi Mohamed VI est reçu ce lundi par François Hollande. Cette rencontre est censée sceller la fin du froid diplomatique en cours depuis un an entre les deux pays. Ce qui devait officialiser la normalisation entre Paris et Rabat pourrait toutefois être terni par la publication d’une enquête par le quotidien français Le Monde, sur les comptes privés de la famille royale marocaine. Une enquête jugée malvenue et tendancieuse par le site d’information marocain « 360 » qui en avait révélé l’existence.
Le quotidien français Le Monde publie aujourd’hui une enquête de grande ampleur sur un système international de fraude fiscale. Parmi les non cités, celui du roi du Maroc, Mohamed VI. Le site d’information marocain « 360 » dénonce le timing de la publication de cette enquête et interroge sur ceux qui veulent nuire au réchauffement franco-marocain. Parmi les coupables désignés : Moulay Hicham, cousin du roi Mohamed VI, et proche de l’opposition. La fin de la brouille franco-marocaine a pourtant été scellée par la reprise de la coopération judiciaire la semaine dernière.
D’après l’historien Pierre Vermeren, personne ne s’étonnera à Rabat de l’existence d’un tel compte bancaire à l’étranger appartenant au souverain. Mais c’est un sujet dont il est l’usage de ne pas parler, encore moins dans la presse internationale.
Une fortune de deux millards d’euros
Le Monde donne beaucoup de détails sur la fortune de la famille royale. Le numéro du compte ouvert en 2006 par le roi du Maroc avec son secrétaire particulier Mounir El Majidi. Le montant maximal qui y a figuré entre 2006 et 2007, est aussi révélé à savoir 7,9 millions d’euros. Une somme modeste au regard de la fortune du roi, estimée par le magazine Forbes à près de deux milliards d’euros.
Du côté de Rabat, on perçoit cet article comme un acte de torpillage de la réconciliation franco-marocaine. Mais Serge Michel, responsable du Monde Afrique, explique que le calendrier de parution des différents articles concernant cette enquête « Swissleaks » a été élaboré il y a plusieurs mois avec les autres médias qui ont enquêté sur les listings HSBC. Bien avant donc la rencontre prévue à l’Elysée.
Des alliés objectifs
Afin de retrouver des relations apaisées, le Maroc avait exigé de Paris plus de respect et de considération pour ses officiels, après une série d’impairs visant plusieurs de ses responsables en territoire français. Appelé au rapprochement après les attentats de Paris, le Maroc a démontré sa précieuse expertise en matière de lutte anti-terroriste en multipliant les arrestations de jihadistes français sur son sol.
Si la normalisation franco-marocaine intervient après une refonte des rapports entre les deux pays, Paris et Rabat sont restés des alliés objectifs. Avec près d’un milliard d’euros investi chaque année, la France reste l’un des premiers partenaires économiques du Maroc, et au plan diplomatique, le principal soutien du Royaume chérifien sur le dossier du Sahara occidental.
RFI