Crise ukrainienne: Obama et Merkel discutent du plan de paix

 

Lors d’une conférence de presse commune à la Maison-Blanche, les deux dirigeants ont mis en garde la Russie qu’elle ne pouvait pas «redessiner» par la force la carte de l’Europe, mais que, dans le même temps, Washington ne cherchait pas à «affaiblir» Moscou dans cette crise, la plus grave entre les deux puissances depuis la Guerre froide.

Pour aider l’Ukraine, la livraison «d’armes défensives (à Kiev) est l’une des options envisagées. Mais je n’ai pas encore pris de décision», a dit M. Obama. Il s’exprimait après une semaine de débats publics à Washington sur l’opportunité ou non de fournir des équipements de défense «létaux» aux forces armées ukrainiennes qui se battent dans l’Est du pays contre des rebelles accusés d’être armés par la Russie.

«Notre objectif n’est pas d’équiper l’Ukraine pour qu’elle poursuive des opérations offensives mais simplement pour qu’elle se défende», a fait valoir M. Obama, dont l’administration semble encline à fournir des armes à Kiev, au contraire de l’Allemagne et de la France qui y sont hostiles.

Initiative de paix franco-allemande

Cette question épineuse entre les Etats-Unis et l’Europe a été au coeur des négociations entre Barack Obama et Angela Merkel. La chancelière allemande a exposé également au président américain l’initiative de paix franco-allemande, présentée ces derniers jours aux présidents ukrainien et russe, Petro Porochenko et Vladimir Poutine.

Mme Merkel n’a pas caché son inquiétude sur le maintien de la «paix en Europe», l’année du 70e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale qui avait ravagé le Vieux continent.

«Pour quelqu’un qui vient d’Europe, je peux simplement dire que si nous renonçons au principe de l’intégrité territoriale, nous ne serons pas en mesure de maintenir l’ordre de la paix en Europe», a mis en garde la dirigeante allemande.

«Laisser de la marge aux efforts diplomatiques»

Si l’UE a de son côté confirmé le principe de nouvelles sanctions, elle a reporté au 16 février leur entrée en vigueur «pour laisser de la marge aux efforts diplomatiques».

Cette décision intervient à deux jours du sommet «de la dernière chance» sur l’Ukraine auquel prendront part à Minsk, la capitale de la Biélorussie, Angela Merkel ainsi que les présidents français François Hollande, ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine.

Contrôle de la frontière ukraino-russe

Un des points cruciaux du plan de paix préparé par M. Hollande et Mme Merkel est le contrôle de la frontière ukraino-russe dans les territoires aux mains des rebelles.

«Le contrôle de la frontière devrait être réalisé par l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). C’était notre proposition et celle de l’OSCE, mais les Russes la bloquent», a déclaré un des plus hauts responsables de la diplomatie ukrainienne, Olexi Makeev.

Selon des médias et des sources diplomatiques occidentales, le plan vise à faire appliquer les accords de paix conclus il y a cinq mois à Minsk et prévoit une plus large autonomie des régions rebelles. Il retiendrait la ligne de front actuelle et prévoirait une zone démilitarisée de 50 à 70 kilomètres de large le long de celle-ci.

Mais les autorités ukrainiennes ont maintes fois jugé inacceptable de retenir l’actuelle ligne de front. Les séparatistes occupent en effet 500 kilomètres carrés supplémentaires par rapport à celle de septembre, quand avaient été signés les accords de Minsk.

Nouvelles victimes

Sur le terrain, le bilan des hostilités ne cesse de s’alourdir avec vingt nouveaux morts dont 11 civils, selon les chiffres donnés séparément lundi par Kiev et les rebelles.

Les attaques des séparatistes se sont notamment intensifiées près de la ville-clef de Debaltseve, où les rebelles essaient d’encercler l’armée ukrainienne. Pour de nombreux commentateurs, ces manoeuvres visent à mettre Moscou en position de force avant les négociations.

(ats)