Burundi: Dizaines d’exécutions extrajudiciaires, selon HRW

 

L’armée et la police du Burundi «ont commis au moins 47 exécutions extrajudiciaires entre le 30 décembre 2014 et le 3 janvier 2015», a affirmé l’organisation de défense des droits de l’homme HRW dans un communiqué. «Des membres armés de la ligue des jeunes du parti au pouvoir (Imbonerakure) ont également participé aux exécutions», a-t-elle ajouté.

Selon l’organisation basée à New York, qui s’appuie sur des témoignages d’habitants, ces exécutions ont été menées dans la foulée d’affrontements survenus dans la province de Cibitoke, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale Bujumbura, entre les forces de sécurité et un groupe rebelle.

L’armée avait affirmé avoir tué une centaine de rebelles dans les affrontements, avant de procéder à quelques arrestations. «Il semble (…) que les militaires et les policiers n’ont pas cherché à arrêter la plupart des hommes qui se sont rendus, préférant les abattre», a expliqué Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de HRW.

«Attitude hostile»

Le gouvernement burundais a promis de «répondre point par point» au rapport de HRW après l’avoir lu. Son porte-parole, Philippe Nzobonariba, a cependant déjà dénoncé «l’attitude traditionnellement hostile» de l’organisation.

Avant HRW, plusieurs organisations locales avaient déjà dénoncé des exécutions extra-judiciaires dans la foulée des affrontements de Cibitoke. Le pouvoir burundais les a systématiquement accusées d’être de mèche avec les rebelles.

Selon des observateurs, il est évident que l’offensive rebelle était d’une façon ou d’une autre pilotée par une partie de l’opposition. Et que Bujumbura entendait envoyer un signal fort en la matant. Depuis des mois, la communauté internationale ne cache pas son inquiétude de voir les violences et les tensions politiques se multiplier à l’approche des élections.

Longue série

Selon HRW, «les meurtres commis à Cibitoke s’inscrivent dans une longue série d’exécutions extrajudiciaires commises depuis plusieurs années par les forces de sécurité burundaises et par des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir». Exécutions qui visent, dit-elle, civils, membres de groupes armés et opposants.

Le bureau des Nations unies au Burundi avait lui aussi accusé ces dernières années les autorités d’exécutions extra-judiciaires. Rien qu’en 2011, il en avait dénombré 61. Bujumbura avait toujours réfuté ces accusations.

(ats)