Saint-Cyprien : Damien Piller rejette les accusations de pots-de-vin

 

Poursuivi pour corruption active, ainsi que pour faux, usage de faux et entrave à la manifestation de la vérité, Damien Piller a affirmé qu’il «demandait depuis six ans» de pouvoir présenter sa version des faits dans cette affaire.

La petite station balnéaire était emportée de 2003 à 2008 par une frénésie d’achat d’oeuvres d’arts du maire UMP de l’époque, Jacques Bouille, qui s’est suicidé en prison en 2009. L’enquête a débouché sur le renvoi devant le tribunal depuis le 5 février de 15 prévenus, soupçonnés d’avoir aidé M. Bouille à accumuler des oeuvres d’art, payées par la commune ou par des pots-de-vins de chefs d’entreprise.

«Avocat atypique»

 Présenté comme «incontournable» dans la promotion immobilière à Saint-Cyprien, Damien Piller est considéré comme le principal des mécènes: entre 2006 et 2007, sa société Anura a acheté dix tableaux pour 400’000 euros destinés au maire ou à la municipalité.

En 2004 et 2006, une société de son groupe, Force Métal, a par ailleurs accordé 300’000 euros de prêt au responsable de l’urbanisme de la commune, Rolland Mantellassi. Ce prêt, selon les enquêteurs, était «un don déguisé» sur lequel il a été interrogé en premier lundi.

«Je suis un avocat atypique qui a réalisé 3000 appartements et mes réalisations à Saint-Cyprien sont peu de chose», a déclaré M. Piller. Il a rappelé que le métier d’avocat est «une notion plus large en Suisse qu’en France» et que la surface de ses affaires lui vaut de participer à plus de 20 conseils d’administration.

Le Fribourgeois est notamment très actif dans les médias suisses: il préside «Radio Fribourg», la chaîne de télévision «La Télé», ainsi que la plate-forme d’information en ligne «Sept.info» doublée d’un magazine du même nom.

Joute juridique

L’audience a parfois tourné à la joute juridique entre le promoteur fribourgeois et le président du tribunal. M. Piller a rappelé ses griefs sur les conditions de sa garde à vue en septembre 2009 quand il avait été interpellé à 06h00 du matin alors qu’il se disait à la disposition de la justice. Pendant l’instruction, il a en vain mis en cause la régularité de ce procédé.

Au procès, il a décoché quelques flèches à la juge d’instruction qui l’a renvoyé devant le tribunal non seulement pour les achats de tableaux mais aussi pour le prêt à M. Mantellassi, alors que sur ce dernier point le parquet se prononçait pour un non-lieu.

La juge a montré «son incompétence» en matière financière, a-t-il lancé, tout en reconnaissant que «ce prêt, juridiquement régulier, était une maladresse de ma part en raison du contexte» des relations avec le responsable de l’urbanisme.

(ats)