Une partie de la gauche sénégalaise se réunit ce week end pour lancer la Confédération de la gauche. Ce sera une énième tentative de réunification des formations qui se réclament de ce courant, après le Mouvement des assises de la gauche (Mag) ou encore la Refondation de la gauche qui ont fait chou blanc. Les figures de proue comme la Ligue démocratique et le Pit, Aj/Pads, faiseurs de roi en 2000 et 2012, porteurs des Assises nationales rangées dans les tiroirs, accompagnent encore Macky Sall dans Benno bokk yaakaar (Bby). Ce sera sans Abdoulaye Bathily et Amath Dansokho.
Les Assises nationales se sont confondues aux Assises de la Gauche. Derrière le Parti socialiste et l’Alliance des forces de progrès, il y avait la Ligue démocratique, le Parti de l’indépendance et du travail, entre autres formations, frustrées et surprises par la réélection au premier tour de Abdoulaye Wade.
Tous réunis autour du Front siggil senegaal avaient un seul objectif : bouter Wade en 2007. La formule magique et populaire des Assises nationales sera peaufinée et sera la plateforme qui mettra le Président nouvellement réélu sous pression.
Mais pour un cadre qualifié d’«inclusif», mais «apolitique», il fallait la trouvaille Benno siggil senegaal (Bss) pour s’offrir quelque liberté politique à même de répondre à une coalition et un Président au pouvoir. Bss trouve ainsi un moyen et un outil pour venir à bout d’un régime déjà finissant.
La Gauche jouera alors un rôle déterminant puisque Bss élira domicile chez Dansokho et Bathily restera l’homme-médiateur entre deux «éternels rivaux», Niasse et Tanor, qui maquilleront leurs divergences historiques au nom de l’unité. Si la candidature unique a scindé le Ps et l’Afp en Benno siggil senegaal et Benno ak Tanor, l’unité originelle a cependant donné des résultats, quoique c’est un troisième larron,
Macky Sall, qui a mis Wade en ballotage. Le poids des deux candidats a lourdement pesé sur la balance au second tour de la Présidentielle de 2012. La gauche y a joué un rôle d’une façon ou d’une autre : Landing Savané avec Tanor ; Bathily, Dansokho et autres avec Niasse. Mais il faut convenir que Mamadou Diop Decroix a bien eu raison en avouant dans un dossier du Quotidien, en 2013, que cette Gauche a toujours eu la «compétence pour contester et abattre un système, mais elle n’est pas encore compétente pour s’emparer du pouvoir et l’exercer».
Gauche faiseur de roi
Les théoriciens de «L’histoire ne se répète qu’une seule fois» ne diraient pas la même chose du rôle de la Gauche dans les alternances au Sénégal. Aj/Pads de Landing et Decroix, la Ld/Mpt d’alors, le Pit, le Rnd de Madior Diouf et de Dialo Diop ont «chassé» Abdou Diouf et «élu» Abdoulaye Wade en 2000.
Ces partis ont, dit-on, conçu les armes de destruction du régime socialiste avec le Code 2000, la Ca2000 au premier tour, et le Fal au second tour. Et ils combattront ensuite celui qui les a mis dehors, un à un, jusqu’en 2007, avec, pour certains d’entre eux, la Cpa, le Cpc, le Front siggil senegaal. Viendra ensuite Benno siggil senegaal, mais sans Aj/Pads (Landing dans l’opposition, Decroix au pouvoir).
C’est connu que la Gauche est un réservoir d’idées, de théories de la révolution ou de la révolte. Pour les autres surtout, mais pas pour elle ! Certains l’expliquent par des divergences idéologiques et doctrinales entre maoïstes, trotskistes, etc.
Les crises internes au sein de la Gauche, explique Mansour Aw, sont telles que, aujourd’hui, ce courant n’arrive pas à gouverner le pays depuis qu’il a été créé. «Si on avait arrêté nos divergences politiques et idéologiques, si nous avions confiance en nous-mêmes, Abdoulaye Wade ne serait pas au pouvoir. Electoralement parlant, And Jëf était, à lui seul, un parti puissant. Abdoulaye Wade, avec le gain politique et électoral qu’il avait, a capitalisé toute la lutte de la Gauche révolutionnaire pour accéder au pouvoir en 2000.»
Pourtant en décembre 2014, ces partis politiques, à l’occasion d’une rencontre organisée à Dakar, appelaient, selon Walf Quotidien, l’ensemble de la Gauche sénégalaise «à assumer ses responsabilités ici et maintenant, à faire preuve d’audace, de lucidité et de courage, pour mettre un coup d’arrêt à son émiettement.»
Pape Demba Sy de l’Udf/Mboloo-mi estime que la faiblesse de la Gauche est liée, entre autres aspects, aux moyens financiers qui permettent de s’imposer comme force. «Tous ces éléments ont des incidences sur la capacité de mobilisation des populations.
Donc, le travail que nous allons faire consiste à aller vers elles. La Gauche ne peut réussir que si elle arrive à mobiliser les populations qui font l’histoire», précise-t-il, avant d’ajouter : «La Gauche était divisée, émiettée. Maintenant, si elle se retrouve et forme un bloc solide, elle va devenir une force qui va compter». En 2017 ?
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