Démission: Harcèlement sexuel, le président du Giec s’en va

 

«Le bureau du Giec s’est accordé mardi pour désigner, en conformité avec ses procédures, le vice-président Ismail El Gizouli comme président par intérim», indique dans un communiqué cette autorité scientifique internationale sur le changement climatique. «La désignation de Gizouli intervient après la décision de Rajendra Pachauri de démissionner de ses fonctions de président du Giec, effective ce jour», poursuit le Giec, réuni cette semaine à Nairobi.

Accusé de harcèlement sexuel, l’Indien Ranendra Pachauri, qui a démissionné mardi de la présidence du groupe d’experts de l’ONU sur le climat, est un habitué des honneurs et hautes fonctions mais aussi des critiques et controverses. Toujours très poli, s’exprimant presque à voix basse, M. Pachauri, barbe poivre et sel, costume sombre, avait pris la succession de Bob Watson, un scientifique au franc-parler peu apprécié de Washington.

L’accession à la tête du Giec de M. Pachauri avait suscité des inquiétudes dans les milieux environnementaux. Le WWF (Fonds mondial pour la nature) avait dénoncé une politisation de cette organisation de l’ONU et un lobbying intense des Etats-Unis, des pays producteurs de pétrole et d’une partie de l’industrie contre M. Watson. Sous sa présidence, le Giec a obtenu le Prix Nobel de la Paix 2007 mais la réputation de son patron avait été ternie par la révélation d’un certain nombre d’erreurs dans le 4e rapport des experts sur le climat, paru la même année. Il affirmait notamment à tort que les glaciers de l’Himalaya «pourraient disparaître d’ici à 2035, voire avant».

Des voix s’étaient élevées pour réclamer en vain sa démission. M. Pachauri avait admis que les erreurs portaient atteinte à la crédibilité du Giec mais souligné qu’on ne pouvait pas attendre de lui qu’il vérifie toutes les données.

Le scientifique indien, qui présidait le Giec depuis 2002, est accusé par une jeune femme qui travaille dans son centre de recherche de New Delhi, l’Institut de l’énergie et des ressources (TERI).

La police indienne a ouvert une enquête pour harcèlement sexuel à son encontre. Son accusatrice, âgée de 29 ans, l’accuse de l’avoir harcelée par textos, courriers électroniques et messages sur l’application WhatsApp.

Ordinateur piraté

M. Pachauri, qui est âgé de 74 ans, rejette ces accusations. Il affirme que des pirates informatiques ont piraté son ordinateur et son téléphone portable pour lui nuire en envoyant ces messages.

Sa démission survient à un moment crucial de la lutte contre le changement climatique, qui doit aboutir à la fin de l’année à Paris à un nouvel accord international pour combattre le réchauffement. M. Pachauri avait déjà renoncé à participer à une réunion du Giec prévue la semaine prochaine au Kenya.

(afp)