
Dans le même temps, des affrontements se poursuivaient entre prorusses et l’armée ukrainienne, notamment près du port stratégique de Marioupol.
Berlin s’est dit extrêmement inquiet face à l’absence de cessez-le-feu complet et une source diplomatique française indiquait que «la situation évoluait d’heure en heure».
«C’est inquiétant (…) car un tel cessez-le-feu est un prérequis pour qu’un retrait des armes lourdes puisse être entamé et un prérequis pour la surveillance par des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)», a souligné le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert.
Berlin condamne en revanche fermement «l’attentat de Kharkiv» qui a fait trois morts dimanche lors d’une marche pro-Kiev dans cette ville proche de la zone de guerre. Un adolescent de 15 ans est décédé à l’hôpital lundi, portant à trois le bilan des décès.
Vladimir Poutine s’est exprimé lundi à la télévision publique russe excluant un «scénario d’apocalypse» pour l’Ukraine. Le chef du Kremlin a appelé les autorités ukrainiennes à «arranger leurs relations avec le sud-est du pays de manière civilisée».
Deux soldats tués
Mardi, les ministres des affaires étrangères russe, ukrainien, français et allemand doivent se réunir à Paris pour faire le point. Selon l’accord de «Minsk 2», les belligérants doivent retirer «toutes les armes lourdes» afin d’établir une zone tampon d’une largeur de 50 à 140 km en fonction du type de ces armes.
L’armée ukrainienne a annoncé lundi la mort de deux de ses soldats déployés dans l’Est et a déclaré qu’elle ne pouvait pas commencer à retirer ses armes lourdes des lignes de front à cause précisément des attaques des séparatistes prorusses.
D’après le porte-parole militaire Valentin Fedychev, les forces ukrainiennes ont été bombardées à 27 reprises depuis dimanche. Outre les deux morts, dix soldats ukrainiens ont également été blessés.
Nouvelles sanctions
Après la prise récente de la ville de Debaltseve par les prorusses, les Européens espèrent que la trêve pourra être remise sur les rails à présent que les prorusses ont atteint leur objectif. L’échange de prisonniers pourrait également aller dans le sens d’un apaisement.
Mais la situation est complexe. Angela Merkel a prévenu la semaine dernière que de nouvelles sanctions contre la Russie pourraient être une option si «Minsk 2» reste ignoré. Cependant Berlin pourrait au préalable demander à Moscou d’exercer son influence sur les séparatistes prorusses, a confirmé lundi un porte-parole à Berlin.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a de son côté promis le début dès lundi de consultations en vue de nouvelles sanctions européennes contre la Russie.
Marioupol dans le viseur
Les autorités de Kiev redoutent que les rebelles, renforcés par des troupes russes, ne s’arrêtent pas à Debaltseve.
Anatoly Stelmakh, un porte-parole de l’armée ukrainienne, a fait état lundi d’une attaque rebelle contre Chyrokine, village côtier situé non loin du port de Marioupol qui pourrait être le prochain objectif des séparatistes. Mais l’information a été démentie par un commandant rebelle.
Kiev a aussi annoncé que vingt chars et pièces d’artillerie russes et une cinquantaine de camions militaires, chargés notamment de munitions, avaient franchi la frontière ukrainienne à destination de Novoazovsk, base rebelle située à 30 km environ de Marioupol.
A Donetsk, la plus grande ville tenue par les séparatistes, des tirs occasionnels ont été entendus dans la nuit de dimanche à lundi puis dans la matinée sans que leur origine ne puisse être déterminée.
(ats)