France: Elle sort de prison et congèle ses deux bébés

 

Poursuivie pour «homicides volontaires sur mineurs de 15 ans», la femme encourt la réclusion à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.

Le 24 mars 2013, le petit ami de cette serveuse de restaurant découvre un petit corps dans le congélateur du modeste appartement où elle vit à Ambérieu dans l’Ain, à une cinquantaine de kilomètres de Genève. L’homme alerte les gendarmes, qui retrouvent sur place un deuxième corps congelé.

«Noyés dans le bac à douche»

Placée en garde à vue, la femme, «très abattue» selon les enquêteurs, reconnaît avoir accouché à l’automne 2011 et 2012 à l’insu du père des enfants, qui ne vivait pas avec elle. Deux petits garçons, nés viables, qu’elle avoue avoir noyés dans le bac à douche. Une semaine après sa naissance pour le premier.

L’affaire prend un tour plus sordide lorsqu’il s’avère que cette jeune femme a déjà été condamnée, en 2005, par la cour d’assises de l’Ain, à 15 ans de réclusion criminelle pour l’assassinat d’un précédent nouveau-né. Un bébé, d’un autre père, dont elle avait accouché clandestinement dans des toilettes, le 28 mars 2002.

Sa propre mère, qu’elle avait chargée de dissimuler le corps dans un sac abandonné dans une maison en ruines, s’était vu infliger 18 ans de réclusion criminelle.

Huit ans de prison

La femme de 34 ans était restée huit ans, quatre mois et neuf jours, derrière les barreaux. De juillet 2002 à décembre 2010. Puis, conformément au jugement des assises et justifiant d’un emploi et d’une obligation de soins, elle avait bénéficié d’un aménagement de peine.

«Elle a purgé toute sa peine», dira le procureur de la République de Bourg-en-Bresse, Denis Mondon, qui représentera le ministère public au procès.

Pas le droit d’être mère

Selon les déclarations de l’accusée, elle est tombée enceinte quelques semaines après sa sortie de prison.

Mais «elle s’est dit qu’elle n’avait pas le droit d’être mère, car elle avait tué son premier enfant et elle a caché sa grossesse au père du bébé parce qu’elle pensait que si elle le lui révélait, il la quitterait», a expliqué son avocat, Me Jean-François Canis, du barreau de Clermont-Ferrand.

Acte regretté

Le père des bébés, un technicien, s’est constitué partie civile.

Selon Me Canis, sa cliente «n’avait plus aucun contact avec sa mère» avec laquelle elle avait entretenu dans le passé une relation «compliquée». Ecrouée, sous anti-dépresseurs, à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, la femme dit «regretter son geste» et «a l’intention de dire la vérité» aux jurés, selon son avocat.

Verdict le 6 mars

Pas moins de onze experts, dont six psychologues et psychiatres, ont été cités à comparaître par le ministère public. Des psychiatres qui la décrivent comme une femme «d’intelligence normale», présentant une «altération du discernement» mais «pas de maladie psychiatrique».

Lors de son premier procès, son avocate d’alors, Me Cécile Berton, avait plaidé le déni de grossesse. Mais, a-t-elle confié par la suite à l’AFP, «on était avant l’affaire Courjault, et un expert psychiatre m’avait expliqué qu’on ne pouvait pas invoquer le déni de grossesse pour une femme ayant déjà eu un enfant». A Bourg-en-Bresse, le verdict est attendu le 6 mars.

(afp)