
L’accusé, âgé de 38 ans, a été reconnu coupable jeudi de deux «meurtres aggravés» et deux tentatives par le tribunal d’Oldenburg, dans le nord de l’Allemagne. Mais cette affaire à rebondissements est encore loin de son épilogue. En effet, l’infirmier pourrait comparaître à nouveau pour une trentaine d’autres meurtres qu’il a confessés auprès d’un psychiatre.
L’homme purgeait déjà une peine de 7 ans et demi de prison pour une précédente tentative de meurtre. Il a été condamné cette fois-ci à la réclusion à perpétuité.
«La gravité particulière de la faute a été établie», a déclaré le président du tribunal à l’énoncé du verdict, ce qui complique l’obtention d’un aménagement de peine et interdit à l’accusé de demander une libération conditionnelle après quinze ans de prison. La sentence est conforme aux réquisitions du parquet, qui avait qualifié le 19 février d’«abominables et incompréhensibles» les faits reprochés à l’ex-soignant, accusé d’avoir injecté des surdoses médicamenteuses à plusieurs patients. Niels H. avait présenté pendant le procès ses excuses aux proches des victimes, se disant «vraiment désolé». Les piqûres servaient à amener les patients au seuil de la mort, afin de démontrer ensuite sa capacité à les ramener à la vie, avait-il expliqué, invoquant comme autre motif «l’ennui».
«Il n’existe aucun doute sur sa faute, mais il en subsiste sur la gravité de sa faute», avait plaidé jeudi matin son avocate, Ulrike Baumann, réclamant la requalification en «meurtre simple» et une peine maximale de 15 ans de prison. «Monsieur H. ne voulait pas tuer, il voulait vaincre la mort», a argumenté Me Baumann, évoquant la fierté que son client tirait de ses talents de réanimateur. L’affaire remonte à 2005, lorsque Niels H. avait été surpris par une collègue en train de faire une piqûre, qui n’était pas prescrite, à un patient dans une clinique de Delmenhorst, en Basse-Saxe (nord), ce qui lui a valu en 2008 une condamnation pour tentative de meurtre.
Alertée par la médiatisation de ce premier cas, une femme avait exprimé des doutes quant au décès de sa mère. Plusieurs corps avaient été exhumés et les enquêteurs avaient trouvé des traces de substances suspectes chez cinq d’entre eux, concluant dans trois cas à des injections mortelles et dans les deux autres à une «cause possible» de la mort. Le cas de Niels H. ne s’arrête toujours pas à ce deuxième procès, puisqu’il a revendiqué auprès d’un codétenu une cinquantaine d’autres homicides, entraînant l’ouverture de nouvelles investigations en janvier 2014, avant d’avouer une trentaine de meurtres et une soixantaine de tentatives au psychiatre qui l’a examiné au début de l’hiver.
Selon cet expert, entendu par le tribunal le 8 janvier, l’accusé lui a fait part de sa profonde «honte» face à des actes dont il affirme ne pas totalement se souvenir, et s’est dit conscient d’avoir causé une grande souffrance aux proches des victimes. Baptisée «Kardio», une cellule spéciale d’enquêteurs réexamine depuis novembre environ 200 décès enregistrés entre 1999 et 2005 dans les services qui ont employé l’accusé, à Delmenhorst, dans un foyer pour personnes âgées à Wilhelmshaven (nord) et à la clinique d’Oldenbourg.
Surnommé «l’Ange de la mort»
Huit corps de patients morts au sein de l’unité de soins intensifs de la clinique de Delmenhorst seront exhumés la semaine prochaine et «d’autres exhumations suivront», ont annoncé les enquêteurs lundi. Selon le Stuttgarter Zeitung, l’ancien médecin chef de ce service a expliqué au tribunal que pendant les deux ans où Niels H. y avait travaillé, la consommation de médicaments pour le coeur avait quadruplé et le taux de mortalité quasiment doublé. Surnommé «l’Ange de la mort», un autre infirmier allemand, Stephan Letter, avait été condamné en 2006 à la prison à perpétuité pour avoir tué 28 malades. Un an plus tôt, une infirmière du prestigieux hôpital de la Charité, à Berlin, avait été condamnée à la même peine pour le meurtre par surdose de cinq patients.
(ats)