Alep – Syrie: L’opposition rejette le plan de trêve de l’ONU

 

Les forces de l’opposition militaire et politique dans la province d’Alep ont rejeté dimanche le plan du médiateur de l’ONU pour une suspension des combats à Alep.

Le médiateur de l’ONU s’est par ailleurs rendu dans un couvent assyrien près de Damas pour exprimer sa solidarité avec cette communauté chrétienne, victime des exactions du groupe Etat islamique (EI).

Celui-ci a libéré dimanche contre une rançon 19 chrétiens assyriens enlevés la semaine dernière dans le nord-est du pays. Les djihadistes avaient enlevé au total 220 assyriens.

Ils n’entendent le rencontrer que sur la base d’une solution globale du drame syrien, «qui passe par le départ de Bachar al-Assad et son état-major et le jugement des criminels de guerre».

L’envoyé de l’ONU Staffan de Mistura était arrivé la veille à Damas pour une cinquième mission visant à finaliser un accord sur une trêve à Alep, grande ville du nord ravagée par les combats.

La Commission des forces de la révolution d’Alep lui a fait part de ses conditions dans un communiqué diffusé dimanche. Cette Commission, réunissant opposants et membres de la société civile d’Alep, s’est constituée samedi à Kilis (Turquie) en présence du chef de l’opposition en exil Khaled Hoja.

Elle estime que les idées de M. de Mistura «ne (…) constituent pas une solution à la crise humanitaire de notre peuple, qui souffre de l’utilisation par le régime d’armes chimiques et de barils d’explosifs bannis par la communauté internationale».

Assad «partie de la solution»

L’opposition fustige aussi les récentes déclarations du médiateur de l’ONU, qui avait affirmé le 13 février à Vienne que le président syrien «faisait partie de la solution».

«Les idées et les déclarations de Staffan de Mistura vont à l’encontre des résolutions internationales qui stipulent un pouvoir exécutif intérimaire avec des compétences complètes et le départ du régime Assad», souligne le communiqué de l’opposition, faisant allusion à la déclaration de Genève de l’été 2012.

Peuple syrien «un et indivisible»

Alors que le gel localisé des combats est l’idée-phare de M. de Mistura depuis sa nomination en juillet, la Commission assure que «la Syrie et son peuple sont un et indivisible» et que «le sang de nos frères à Deraa (sud), dans la Ghouta (province de Damas) et à Homs (centre) ainsi que les autres provinces syriennes n’est pas moins important que notre sang à Alep».

Après un arrêt des combats à Alep, l’ONU espérait étendre cette trêve locale à d’autres zones. Et encourager ainsi un règlement politique du conflit qui a fait plus de 220’000 morts en quatre ans.

Alors que le conflit entrera le 15 mars dans sa cinquième année, Staffan de Mistura a annoncé samedi avoir obtenu de Damas l’envoi d’une délégation pour évaluer la situation à Alep. Il n’a pas donné de date.

Un groupe rebelle rejoint une alliance islamiste

Déclenché le 15 mars 2011 par une contestation populaire violemment réprimée, le conflit en Syrie s’est transformé en une guerre entre le régime et les rebelles, avant l’entrée en jeu de djihadistes venus pour la plupart de l’étranger.

Sur le terrain, des djihadistes du Front Al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda) ont pris une base importante dans le nord. Hazzm, un des principaux groupes rebelles syriens soutenus par les pays occidentaux, qui a perdu cette base de la province d’Alep, a annoncé dimanche sa dissolution et le ralliement de ses combattants au Front Chamiyah, une alliance de brigades islamistes de la région.

Membre de l’Armée syrienne libre (ASL), le mouvement Hazzm était l’une des dernières survivances de l’insurrection non djihadiste dans le nord de la Syrie, presque entièrement passé aux mains du Front al Nosra et de l’EI.

Le régime avance dans le sud

Les forces du régime ont elles effectué une percée dans le sud du pays. Depuis vendredi, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Damas, l’armée, soutenue par le Hezbollah libanais, des conseillers des Gardiens de la révolution iraniens et des miliciens chiites irakiens affrontent des factions rebelles et le Front Al-Nosra, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

«Les forces pro régime ont avancé et pris trois villages et plusieurs collines dans la province de Deraa, avec le soutien de l’aviation» syrienne, a précisé l’OSDH.

L’objectif est d’arriver jusqu’à la ligne d’armistice avec Israël, sur le plateau du Golan occupé par l’Etat hébreu. Et de couper la route aux rebelles se rendant du sud vers Damas.

(afp)