
Arrivé au pouvoir après avoir amené le président Wade en ballotage lors des dernières élections présidentielles de 2012 par le moyen d’une coalition, Macky 2012 au premier tour, puis Benno Bokk Yaakaar, au second tour, l’Alliance Pour la République (APR Yaakaar), doit user de stratégies pour pouvoir assurer un second mandat à son président. Certes le bilan de ce dernier sera important mais il ne suffira pas. Ce bilan quel que reluisant qu’il soit, a besoin d’un portage politique pour le valoriser et le vulgariser auprès des populations vivant dans les coins les plus reculés. Pour cela, deux mesures urgentes s’imposent :
Une reprise organisationnelle
Même si le parti présidentiel a eu 26 % des suffrages au premier tour des élections présidentielles de 2012, raflé la majorité des sièges à l’assemblée nationale et remporté l’essentiel des collectivités locales, il n’en demeure pas moins que ces différentes joutes électorales ont fragilisé l’APR sur le terrain entrainant une division de ses leaders et beaucoup de déperdition dans son électorat. La preuve la plus palpable nous est donnée lors des élections locales du 29 Juin 2014 pendant lesquelles, hormis le vote rural fidèle au parti au pouvoir, l’APR a perdu Dakar et la plupart des grandes communes du Sénégal. Toutes les localités où existait un leadership local fort ont été perdues pour des raisons évidentes. Des élections locales se gagnent par un ancrage fort au niveau de la base. Cette débâcle due essentiellement à la non structuration, l’absence de leadership fort et consensuel dans la plupart des localités, les guerres de positionnement, le manque de communication notoire entre la base et les responsables nationaux, emmurés dans leurs privilèges, refugiés dans un immobilisme et une passivité déconcertante, refusant d’écouter, de recevoir ou de tendre l’échelle aux militants historiques qui les ont hissés à ces positions et se livrant des combats fratricides au noms de calculs mesquins et débiles, au moment où les alliés essaient de satisfaire leur clientèle politique grâce aux postes à eux octroyés par le pouvoir en place.
Pour juguler cette situations, il urge de prendre des mesures correctives urgentes. Il est certes nécessaire de faire fonctionner les instances du parti au niveau national mais il urge également de rendre fonctionnelle la gouvernance et l’animation du parti à tous les niveaux. Pour cela, la nécessité de recomposer des corpus humains s’impose. Il faudra que le parti présidentiel :
organise des missions de remerciements et d’évaluation des élections locales et départementales dans toutes les localités pour permettre un « ndëpp » collectif et pouvoir dessiner les stratégies de remobilisation en perspectives de 2017,
encourage l’implantation à la base de mouvements favorables à la réélection du président ;
renforce, outille et fait reprendre du service aux militants historiques du parti que le manque de moyens politiques et de responsabilités ainsi que la frustration ont poussé dans d’autres partis politiques, discrédité ou démobilisé ;
fait élaborer d’urgence des plans de remobilisation locaux et départementaux dont les ministres, DG, PCA, PCS et autres élus contribueront aux financement pour permettre sa mise en œuvre;
Une reprise de l’initiative politique et communicationnelle
Ce sont ces plans de plans de remobilisation locaux et départementaux qui porteront la reprise de l’initiative politique qui devient un impératif face à la léthargie notée à presque tous les niveaux. Ils devront porter essentiellement sur la communication et la formation des militants sur des questions de l’heure afin de pouvoir porter ces questions avec toute l’aisance et l’expertise requises. Il s’agira notamment de toutes les politiques de l’état y compris les mesures prises par l’état mais qui ont été mal comprises, mal pilotées et n’ont fait que rajouter des étages supplémentaires à la bombe sociale (l’application de la loi sur la parité, l’interdiction hâtive de l’importation de l’ognon, la loi sur la baisse du cout du loyer, la suppression du quota sécuritaire au niveau du ministère de l’éducation, le projet de loi sur la modernisation des daara, la loi cadre, la réforme LMD (Licence, Master, Doctorat), la traque des biens mal acquis, la réduction du mandat présidentiel, le projet d’autoroute ila Touba, les compteurs de la SENELEC, l’ouverture de la gare des baux maraichers et la fermeture des gares routières flottantes, l’augmentation des indemnités de certains corps de l’état ainsi que l’acte trois de la décentralisation).
Pour organiser le partage d’information en vue d’une une bonne prise en charge de la communication sociale, plusieurs stratégies peuvent être adoptées au niveau local notamment les déjeuners ou diners républicains, l’organisation de caravanes marrons, les thé-débats, des rencontres périodiques d’information décentralisées au niveau de toutes les collectivités ainsi que toute autre stratégie innovante de communication surtout en rapport avec les nouvelles technologies de communication ( de documentaires, de notes techniques, de brochures….).
Une fois ces plans de remobilisation budgétés sont élaborés, il sera nécessaire pour tous de contribuer à leurs mises en œuvre au niveau local et départemental. Les membres des hautes instances de l’APR, les responsables politiques détenant des postes auront à se redéployer sur le terrain pour mettre en œuvre le plan de remobilisation en rapport avec les responsables locaux.
Seule une réalisation intelligente de ce plan de communication et de formation prendra le contre-pied de la machine des détracteurs du régime parce que face aux difficultés de tous ordres, il urge de faire comprendre aux sénégalais qu’ils doivent être patients et solidaires du Président dans sa politique en dépit des difficultés car un arbre qui tombe fait beaucoup plus de bruits qu’une forêt qui pousse.
Falou NDIAYE
Inspecteur de l’Enseignement
Responsable APR à Guinguinéo